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Affaire BFT : Habib Essid lègue la patate chaude à Youssef Chahed

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L’ex-premier ministre Habib Essid a ordonné l’exécution de la décision de liquidation de la BFT, avant de se raviser et de laisser la patate chaude à son successeur Youssef Chahed.

Par Imed Bahri

‘‘Maghreb Confidentiel’’, qui a publié cette information, a fait ce commentaire : en prenant cette décision la veille de son départ de la Kasbah, Habib Essid «laissé une grenade dégoupillée sur le bureau de son successeur, Youssef Chahed !»

On pourrait ajouter que l’ex-Premier ministre a évité ainsi d’être mêlé à un véritable scandale financier où une bonne partie de l’élite politique et du milieu des affaires est impliquée jusqu’au coup. Mais que fait Chawki Tabib, ci-devant président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLCC), et qu’attend-t-il pour faire la lumière sur les dessous de cette affaire que l’Etat tunisien traîne comme un boulet de fer depuis une trentaine d’années ?

On apprend qu’un conseil ministériel très restreint a été réuni, le 19 août, pour acter la décision de liquidation de la Banque franco-tunisienne (BFT), filiale de la Société tunisienne de banque (STB), objet d’un litige avec son ex-propriétaire, ABCI Investments, qui remonte au milieu des années 1980 et qui est actuellement examiné par le Cirdi, un tribunal arbitral international proche de la Banque mondiale et dont les verdicts ont une grande influence sur les investisseurs à travers le monde.

On apprend aussi qu’après avoir donné son accord et signé l’ordre d’exécution de la décision de liquidation, M. Essid a fait une volte-face, en en laissant le soin à son successeur. Et pour cause…

Cette liquidation serait d’autant plus scandaleuse du point de vue légal et éthique, qu’elle est réclamée par d’influents hommes d’affaires (n’est-ce pas Chafik Jarraya ? N’est-ce pas Kamel Letaief ?), qui ont reçu des prêts de plusieurs centaines de millions de dinars tunisiens (MDT) de la BFT (entre 400 et 750 MDT pour l’ensemble des créances selon les estimations) qu’ils n’ont jamais remboursés et ne comptent pas le faire de sitôt.

Au-delà de sa légalité fort discutable, cette opération de liquidation, si elle vient à être mise à exécution, aggravera le cas de l’Etat tunisien auprès du Cirdi, qui ne manquera pas de le condamner à payer de lourdes réparations à ABCI. Cela n’arrangera pas non plus la réputation du pays auprès des bailleurs de fonds internationaux, FMI et Banque mondiale en tête.

Il va sans dire qu’une telle escroquerie d’Etat (car c’en sera une) n’incitera pas les investisseurs étrangers, qui boudent depuis quelques années la Tunisie, à y revenir, au moment où l’Etat tunisien met les petits plats dans les grands pour essayer d’intéresser les opérateurs économiques internationaux à son plan stratégique de développement 2016-2020.

C’est là, on l’imagine, un véritable casse-tête pour Youssef Chahed à quelques semaines de la tenue d’une Conférence internationale sur l’investissement, prévue fin novembre prochain à Tunis, et qui est destinée à redorer l’image de la Tunisie, comme une destination d’affaires?

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