L’impopulaire et très populiste Hachemi Hamdi veut faire interdire la projection, à Tunis, du film iranien ‘‘Muhammad le messager de dieu’’.
Le parti Tayar Al-Mahabba (Courant de l’Amour), fondé et dirigé par Hachemi Hamdi, patron de la chaîne satellitaire arabe Al-Moutakilla, basée à Londres, a perdu tous les combats qu’il avait menés jusque-là. Et pour cause : son populisme a du mal à passer dans une Tunisie où la transition démocratique a démasqué les acteurs politiques, montré leurs limites et mis à nu leur incapacité à agir concrètement sur la réalité pour améliorer leurs conditions de vie.
M. Hamdi, qui ne semble pas avoir retenu la leçon, se lance dans une nouvelle bataille pour… faire censurer un film, ‘‘Muhammad le messager de dieu’’, du réalisateur iranien Majid Majidi, qui doit être projeté en avant-première, le 21 septembre courant, à la salle Le Colisée, à Tunis, en présence du réalisateur.
Hachemi Hamdi, un ancien militant du parti islamiste Ennahdha qui avait frayé, avant la révolution de janvier 2011, avec le régime autoritaire de Ben Ali, rejette toute œuvre dramatique qui représente les envoyés et messagers d’Allah, et en l’occurrence Muhammed, le prophète de l’islam, car, selon lui, elle porte atteinte à la foi des gens et aux lois édictes par la charia islamique.
Dans un communiqué publié mardi, Tayar Al-Mahabba a dénoncé vigoureusement l’autorisation de projeter le film du réalisateur iranien accordée par les autorités tunisiennes, «sans prendre l’accord des théologiens musulmans ni tenir compte des graves conséquences qui découleraient de cette projection et dont on se passerait volontiers», a-t-il souligné, dans ce qui s’apparente à un avertissement voire même à une menace.
Tayar Al-Mahabba a demandé au ministère des Affaires culturelles de retirer l’autorisation de projection accordée à ce film et au Mufti de la République d’en faire interdire la projection en Tunisie. Tout en annonçant la tenue d’un sit-in de protestation devant la salle de cinéma le jour de la projection, si celle-ci était maintenue.
En fait, Hachemi Hamdi cherche par tous les moyens à se rapprocher de l’Arabie saoudite, qui était l’un des bailleurs de fonds de sa chaîne Al-Moutakilla et qui semble lui avoir coupé les vivres depuis quelques années. Aussi, ses récentes déclarations au vitriol contre l’Iran sont-elles des appels du pied en direction du royaume wahhabite.
Et cela, pour ainsi dire, saute aux yeux et crève l’écran.
I. B.
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