Dans cette lettre ouverte à madame la ministre de la Santé, les auteures demandent la fin de l’injustice qui les frappe à la Faculté de Médecine de Sousse.
Par Maysoune et Linda Ben Nasr
Encore une fois nous nous retournons vers la presse, quatrième pouvoir en Tunisie et seul refuge du citoyen face à la fourberie, pour crier notre ras-le-bol d’une injustice sans limite.
L’histoire de ma sœur et moi, Maysoune et Linda Ben Nasr, deux citoyennes tunisiennes qui subissent depuis 2008 une injustice et une exaction atroces, commence à être connue du grand public. Nous sommes victimes de règlement de compte et de falsification de notes de l’examen clinique de pédiatrie de la Faculté de Médecine de Sousse.
En effet, le 20 mai 2013, nos notes à cet examen ainsi que le procès verbal du résultat ont été falsifiées; bien entendu cette bavure est constatée et consignée par un huissier de justice. Depuis cette date, nous avons fait toutes les démarches possibles et imaginables. Nous avons déjà porté plainte au doyen Ali Mtiraoui, mais étant donné que
Hassan Sebouii, chef de service de néonatalogie et responsable, à l’époque, de l’examen clinique de pédiatrie, entretient une relation plus qu’amicale avec le doyen, notre requête a été rejetée. Nous avons même exposé notre problème au rectorat de Sousse, mais à chaque fois la réponse était négative.
Toutes les portes sont closes et jusqu’à ce jour aucune réparation du préjudice ne nous a été accordée.
Le pire c’est que nous nous sommes adressées aux deux ministères de tutelle à savoir ceux de la Santé et de l’Enseignement supérieur. Nous avions exposé notre problème, preuves à l’appui, à six ministres successifs. Le dernier étant l’ex-ministre de la Santé Said Aïdi. A chaque fois nous avons été accueillies avec la plus grande indifférence comme si nous avions commis l’irréparable. A notre grande stupéfaction, Sonia Ben Cheikh, une proche collaboratrice de l’ancien ministre de la Santé nous a affirmé en aparté que nous sommes victimes de règlement de compte au sein de la Faculté de Médecine de Sousse et que nous sommes en train de payer le prix fort pour des choses que nous n’avions pas faites. Elle a poursuivi, avec un hochement de tête impuissant, que le ministère ne peut pas corriger ce préjudice malgré que tout le cabinet ministériel sache pertinemment que nous sommes les vraies victimes.
Nous trouvons que c’est inadmissible que l’on ait pu tenir de tels propos au sein même du ministère de la Santé. Nous ne comprenons évidement pas comment la plus haute instance du pays ne puisse pas trancher dans cette affaire qui a assez duré et a causé tant de tort.
Nous avons aussi saisi la justice administrative et porté plainte pour harcèlement, abus de pouvoir et falsification de notes et de PV. Mais, à ce jour, nous sommes toujours en ballottage. Nous savons très bien que les textes de loi tunisienne sont sans équivoque : la falsification d’un document officiel, à savoir dans notre cas un procès verbal avec pour entête «République Tunisienne, Ministère de la Santé et Ministère de l’Enseignement supérieur» est passible de prison ferme. C’est sans parler de la diffamation, de l’abus de pouvoir et du règlement de compte…
Nous sommes, à ce jour encore, les otages de cette faculté et de son administration.
Malheureusement et malgré tous les scandales qui l’ont secoué lors du dernier mandat de décanat de Ali Mtiraoui, ce dernier a été réélu à la tête de la faculté pour un deuxième et dernier mandat, et avec lui son équipe et ses mentors bien connus.
Notre seul tort c’est que nous avions tenu tête à cette administration et voulu avoir réparation de ce préjudice et que nous n’avons pas accepté les compromis malsains.
Lors d’un dernier entretien avec ce même doyen, nous avions même été menacées – encore une fois – de représailles sévères. Ça nous a été dit clairement : «Vous ne pouvez rien contre nous, et même si vous saisissez la justice, ça ne vous mènera à rien. Nous avons les pleins pouvoirs dans cet établissement et même la justice ne peut rien contre nous.»
Nous avons fini notre internat d’équivalence en octobre 2010 et, cinq ans après, nous sommes encore dans l’impasse. Nous ne pouvons ni avancer ni exercer. Nous sommes des OTAGES.
Cinq ans, oui cinq ans que nous subissons cette grande injustice. Nous avons enduré ce que personne avant nous n’a enduré. Notre désarroi ne fait que grandir et nous ne savons plus à qui nous adresser. Ni notre lettre au président de la république et à son Premier ministre publiée sur Kapitalis à la date du 25 juin 2013 (‘‘Appel au secours de deux citoyennes tunisiennes’’) ni nos démarches administratives ni la justice ne semblent être en mesure de faire bouger les choses. Les ministères de tutelles restent sourds à nos appels au secours. Et bien évidement l’administration de la Faculté de Médecine de Sousse et à sa tête Ali Mtiraoui s’obstine dans son arrogance et cruauté.
Nous sommes citoyennes tunisiennes et que justice soit rendue; c’est tout ce à quoi nous aspirons.
Nous sommes lassées d’entendre en messe basse que nous sommes les victimes du système et que nous subissons une vraie injustice mais que pratiquement sur le terrain personne n’est capable de nous soutenir et nous sortir de ce marasme.
Nous nous tournons encore une fois vers la presse et Kapitalis pour crier notre désespoir. Nous sommes déterminées à continuer notre combat contre cette injustice jusqu’à ce que nos vraies notes nous soient restituées et que les coupables payent pour ce préjudice qui dure depuis cinq ans.
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