Photos d’archives (manifestations de janvier 2016).
Dans la Tunisie actuelle, où les lois sont piétinées et l’Etat défié et humilié un peu plus chaque jour, la règle démocratique est en passe de devenir la loi de la jungle.
Par Dr Sami El Mekki *
Immédiatement après la triste affaire de Petrofac, qui a tenu en haleine tout le pays durant huit longs et interminables mois, une nouvelle catastrophe vient d’éclater : quarante quatre individus hautement douteux sont parvenus avec leur sit-in anarchique à bloquer, encore une fois, la production de phosphates à Metlaoui et cela risque de durer.
Une grève de deux jours des stations services a été évitée de justesse lundi avant-dernier, peu après minuit, après d’âpres négociations menées sous les pressions et les menaces et après avoir créé une énième psychose chez les citoyens.
Est-ce légal? Est-ce logique et moral de prendre en otage les citoyens et de nuire à leurs intérêts, de surcroît sans le moindre préavis?
Dans la même journée du lundi, une horrible scène a fait le tour des réseaux sociaux en y créant un buzz énorme. On y voit une femme blasphémer, insulter et tabasser le premier délégué de Sidi Hassine…
Elle lui a fait subir une véritable humiliation en le giflant, en le mordant et en essayant de l’étrangler en tirant sur sa cravate, en présence d’une foule étrangement indifférente et sans la moindre réaction pour mettre un terme à cette agression…
Où est passé l’autorité de l’Etat et son prestige, un concept très cher au président de la république Béji Caid Essebsi qui en avait fait son véritable slogan de campagne électorale et l’un de ses principaux chevaux de bataille?
Comment pourrions-nous parler de prestige de l’Etat face à toutes ces bouffonneries qui nous enfoncent, un peu plus chaque jour, dans l’obscurité et augurent d’un avenir incertain?
Que faut-il qu’il arrive pour que les autorités actuelles prennent conscience de la gravité de la situation? Et que faut-il de plus à nos gouvernants pour qu’ils agissent en appliquant la loi?
Cela fait six ans que les démagogues de gros calibres et les prédateurs assoiffés de haine et de discorde sociale ont pris possession de notre Tunisie des merveilles pour noircir sa terre verte et son ciel bleu…
Alors que le pays s’apprête à vivre une année 2017 exceptionnellement laborieuse et à quelques semaines de la tenue de la Conférence internationale sur l’investissement ‘‘Tunisie 2020’’, nous adressons une image calamiteuse de notre pays au monde entier.
Décidément, notre malheureuse démocratie dégénère chaque jour davantage en véritable anarchie, où tous les dépassements, les coups bas et les trahisons sont permis et où la règle démocratique est devenue la loi de la jungle…
Le leader Habib Bourguiba, en grand stratège et en visionnaire hors du commun, avait vu juste en disant: «L’histoire est riche en exemples où la démocratie a dégénéré en anarchie et en désordre. Le civisme, la maturité, l’éducation, la probité et la compétence sont incontournables pour la réussite et la promotion d’une démocratie authentique. Tant que ces conditions ne sont pas remplies, elle engendre inéluctablement des abus qui deviennent source d’anarchie et de régression…»
Enfin, je ne peux conclure sans évoquer la citation de l’illustre écrivain et philosophe Français Voltaire : «Si le despotisme est l’abus de la royauté, l’anarchie est l’abus de la démocratie … »
* Médecin pneumologue.
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