«La véritable priorité pour surmonter la crise économique en Tunisie réside dans une véritable transparence sur les finances publiques, actuellement hors de contrôle».
Cet avertissement a été lancé, jeudi soir, par l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunis (BCT), Mustapha Kamel Nabli, sur la chaîne Attessia.
«Après six années de mauvaise gestion politique, de manque de vision, de recours aux calmants, aux solutions provisoires et de replâtrage, nous sommes aujourd’hui incapables de contrôler les finances publiques», a insisté cet expert en finances.
«Il y a un manque terrible de données sur les recettes, sur les dépenses et sur la dette publiques. On ne sait pas grand chose sur ces données qui sont pourtant d’une extrême importance pour l’avenir du pays. Ce n’est plus possible de continuer ainsi», a encore averti M. Nabli, en décrivant cette situation comme celle d’«une voiture à la dérive, qui roule sans chauffeur».
M. Nabli a appelé de nouveau à «un audit clair et approfondi de la situation réelle des finances publiques». Il a préconisé à cet effet «la mise en place d’une commission indépendante chargée de faire une évaluation sérieuse de la situation réelle des finances publiques, dans un délai de trois mois».
Il a également souligné «l’urgence d’un dialogue national entre les parties politiques et sociales agissantes pour s’entendre sur les solutions efficientes» susceptibles de juguler la crise économique, qu’il a plusieurs fois qualifiée de «grave».
Interrogé sur la capacité du gouvernement d’union nationale (GUN) présidé par Youssef Chahed à apporter des solutions à la crise économique, M. Nabli a estimé que la création de ce gouvernement était «une occasion manquée».
«Au lieu de s’entendre sur un véritable programme de salut national, de se concentrer, en priorité, sur les finances publiques, sur le développement régional et sur les autres défis à relever, ce gouvernement a opté, dès le départ, pour une démarche erronée», a-t-il dit.
«Est-ce qu’il y a un seul parti (au sein de gouvernement, ndlr) qui a fait sien le ‘‘Document de Carthage’’ qui est, en soi, constitué de généralités?», s’est interrogé l’ancien gouverneur de la BCT.
«Il n’y a pas de programme de salut national, pas de programme d’union nationale, le GUN est une fiction. Résultat : chaque catégorie (socioprofessionnelle, ndlr) essaye aujourd’hui de défendre ses propres intérêts et non l’intérêt national», a déploré M. Nabli.
Habib Trabelsi
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