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JCC 2016 : ‘‘3000 nuits’’ de Maï Masri ou la double prison des Palestiniennes

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Le film ‘‘3000 nuits’’ de la cinéaste palestinienne Maï Masri, projeté mercredi soir à la salle Le Colisée, dans une atmosphère de grande émotion, a remporté le Tanit de bronze des JCC 2016.

Par Fawz Ben Ali

Le cinéma palestinien a toujours été présent aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC) avec des films aussi délicats qu’engagés : ‘‘Omar’’ de Hany Abu Assad (Tanit d’or 2014) en est une belle preuve. Cette année encore, avec ‘‘3000 nuits’’ de Maï Masri, la Palestine s’est emparé de l’une des trois récompenses les plus convoitées du festival.

En effet, les cinéastes palestiniens sont de plus en plus présents sur la scène cinématographique arabe et mondiale, prenant leur caméra comme ils auraient pu prendre les armes, ils racontent à leur manière l’histoire de la Palestine.

L’histoire de Layal, institutrice à Naplouse

Pour son 11e long-métrage, Maï Masri nous ramène dans les années 80, à la veille de l’invasion du Liban et du massacre de Sabra et Chatila, à travers l’histoire de Layal, incarnée par Maïsa Abd Elhadi, qui décroche ici l’un de ses plus beaux rôles où elle a pu étaler l’étendue de son talent d’interprète.

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La cinéaste dit s’être inspirée d’histoires réelles pour alimenter son film qu’elle a tourné dans une vieille prison en Jordanie. Parmi ces histoires, il y a celle de Layal, une jeune mariée qui travaille comme institutrice à Naplouse et qui se fait arrêter et incarcérer dans une prison israélienne pour complicité dans une attaque militaire. Condamnée à 8 ans de prison (d’où le titre du film ‘‘3000 nuits’’) et abandonnée par son mari, qui a préféré quitter le pays pour le Canada, Layal devra s’habituer à la vie pénitentiaire. Découvrant qu’elle est enceinte, elle décide de garder l’enfant qui naîtra dans une cellule obscure et portera le nom de Nour (lumière). C’est cette lueur d’espoir qui donnera un sens à la vie et à la lutte de Layal, mais aussi à celle de ses codétenues. Car ‘‘3000 nuits’’, c’est aussi l’histoire de beaucoup de femmes de tout âge, des personnages dont la plupart sont tirés de faits réels, interprétés par un florilège d’actrices exceptionnelles, avec une mention spéciale pour Maïsa Abd Elhak.

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Un peuple habitué aux murs, aux barreaux et aux bourreaux

Le film accompagne les prisonnières politiques palestiniennes, incarcérées avec les criminelles de droit commun israéliennes, dans ce pénitencier métaphore évidente de la condition de tout un peuple habitué aux murs, aux barreaux et aux bourreaux.

Malmenées certes, mais jamais victimisées, la résistance de ces femmes constitue le carburant du film que la cinéaste a choisi de tourner en huis-clos, comme la plupart des films de prison. C’est quand on est enfermé que les émotions jaillissent encore plus fort, et ce n’est pas ce film qui dira le contraire. En effet, la cinéaste a su exploiter l’enfermement pour y faire naître des complicités, des amitiés et un humanisme qui dépasse à un certain moment du film le conflit israélo-palestinien.

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Le drame s’intensifie et l’aspect politique et historique du film prend le dessus avec l’invasion du Liban et le massacre de Sabra et Chatila. Les réactions ne se font pas attendre dans la prison où une grève de la faim est lancée, c’est le temps de la rébellion palestinienne. Layal est alors confrontée au rude dilemme : qui sacrifier? sa cause politique ou son enfant?

‘‘3000 nuits’’, un film si grand dans un espace si petit, aussi patriotique que féministe, qui risque de faire verser les larmes de plus d’un et qui nous rappelle que la Palestine manque de moyens, mais pas de talents. Avec sa fresque historique et humaine, Maï Masri a réussi un coup de maître qui ne risque pas de laisser le jury des JCC indifférent.

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