Le président Béji Caïd Essebsi a déclaré que, de tous les soulèvements du ‘Printemps arabe’, la révolution tunisienne demeure la seule réussite.
Dans une interview diffusée, lundi, par la chaîne saoudienne Al-Arabiya, le président de la république a évoqué nombre de questions de politique interne et analysé les relations externes de notre pays.
Interrogé par Tourki Al-Dakhil sur sa participation personnelle à la révolution du 14 janvier 2011, M. Caïd Essebsi a admis que le jour où Ben Ali a été «dégagé», il était chez lui… Cependant, s’est-il empressé d’ajouter : «J’ai contribué [en tant chef de gouvernement provisoire, ndlr] à la réalisation de certains objectifs de la révolution que nulle autre personne n’a été capable de réaliser. De plus, n’oublions pas que j’ai pu éviter le bain de sang certain.» «J’en veux pour preuve le fait qu’aujourd’hui la Tunisie est debout», a expliqué M. Caïd Essebsi.
Le président de la république est également revenu sur ce qu’il considère comme étant une appellation inappropriée du ‘Printemps arabe’. Pour lui, «la désignation de ‘Printemps arabe’ est une invention occidentale au sujet de laquelle il a exprimé tant de fois des réserves. J’ai dit, et je le répète encore pour la énième fois, qu’il n’existe pas de ‘Printemps arabe.’ Par contre, il y a un début de printemps tunisien. Nous, les Tunisiens, sommes qualifiés d’avoir un printemps arabe car nous avons pu asseoir un système démocratique dans notre pays.»
Evoquant les relations de la Tunisie avec l’Algérie et la Libye voisines, M. Caïd Essebsi a rejeté catégoriquement les rumeurs sur l’existence de tensions entre Tunis et Alger. Pour le président de la république, il n’y a absolument aucun différend entre les deux pays voisins et «les relations liant la Tunisie et l’Algérie sont un prolongement de la lutte que les deux peuples ont menée pour leurs indépendances –l’indépendance de l’Algérie et l’indépendance de la Tunisie.»
«Quant à nos relations avec le peuple libyen frère, la situation est différente. Il y a crise dans ce pays, mais celle-ci ne durera pas», a affirmé le président de la république, expliquant que c’est le peuple libyen qui détient la solution de ses problèmes, estimant que, malgré les difficultés actuelles que connaît ce pays, il y a toujours lieu d’être optimiste que la Libye réussira à surmonter cette crise. «Mais cela nécessitera un certain temps», a-t-il ajouté.
Il a également révélé, dans de cet entretien, que la Tunisie a apporté son soutien au peuple libyen dans son soulèvement contre le régime Mouammar Kadhafi.
Au sujet des dernières élections présidentielles aux Etats-Unis, M. Caïd Essebsi a déclaré que l’issue de ce scrutin demeure une «affaire américaine interne.» Mais il a ajouté que «les Etats-Unis d’Amérique ne sont n’importe quel pays. Ce sont une superpuissance dont le poids et l’influence sur la scène internationale sont indéniablement grands.» Quant à savoir s’il était optimiste que ce soit Donald Trump qui ait remporté la course à la Maison Blanche et si le mandat de cet homme à la tête de l’exécutif américain allait avoir un meilleur impact sur les relations de son pays avec le monde arabe, il a indiqué: «Il est vrai que si l’on s’en tenait aux déclarations que M. Trump a faites durant sa campagne électorale, il y aurait vraiment de quoi s’inquiéter et d’être pessimiste. Cependant, il faut garder présent à l’esprit que la campagne pour les présidentielles est une chose et que le mandat de président des Etats-Unis en est une autre», a précisé M. Caïd Essebsi.
Le locataire du Palais de Carthage n’a pas manqué, non plus, de rappeler aux peuples et aux dirigeants arabes leur responsabilité dans ce dossier des relations américano-arabes: «Nous, les Arabes, avons notre destin dans nos mains. Si les Arabes se respectent mutuellement et s’ils réussissent à s’unir, personne ne pourra leur lancer de défis», a-t-il déclaré.
Marwan Chahla
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