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Le retour de la Zitouna

La Tunisie ne peut avancer qu’en restant fière de son héritage et en sauvegardant son authenticité et, en même temps, en étant moderne et en s’ouvrant sur le monde.

Par Chedly Mamoghli *

En cet après-midi du vendredi 9 décembre 2016, entre les prières d’El-Asr et d’El-Maghreb, s’est tenu un rite religieux ancestral à la Grande Mosquée de la Zitouna, au cœur de la médina de Tunis. Il s’agit de «khatm eddwil». Ce rite qui obéit au calendrier de l’Hégire se tient uniquement deux fois par an. À la veille du ramadan et à la veille du mouled.

Eddwil est le pluriel de «doula», expression du jargon zeitounien qui vient du terme arabe «tadawol» (للتداوا), traduisible par le terme «relais». Il s’agit du relais de sept groupes («eddwil») durant les sept jours de la semaine, chaque groupe («doula») a pour mission de lire, durant son jour, une partie du Coran. Et deux fois par an, ils terminent ensemble la lecture du livre saint.

Le bandit Houcine Laabidi, autoproclamé imam, a squatté la mosquée avec sa bande de voyous entre 2011 à 2015.

Ce rite a été malheureusement interrompu quand le bandit Houcine Laabidi s’était autoproclamé imam et a pris le contrôle de la Zitouna à la fin de l’année 2011. Il y a fait régner la loi de la jungle sous l’œil bienveillant des deux gouvernements islamistes (Hamadi Jebali et Ali Larayedh, Ndlr). Les autorités n’ont pas levé le petit doigt, y compris le gouvernement de technocrates conduit par Mehdi Jomaa d’ailleurs. Il a fallu attendre, et là il faut le reconnaître, l’élection de Béji Caïd Essebsi, en 2014, à la présidence de la république qui, grâce à son concours, à celui de l’ex-chef du gouvernement, Habib Essid, et de son ministre des Affaires religieuses, Othman Battikh, actuellement mufti de la république, pour que Houcine Laabidi et sa bande soient délogés et, petit à petit, la Grande Mosquée a retrouvé sa place au cœur de Tunis, des Tunisois et de tous les Tunisiens.

Plus tard, Hichem Ben Mahmoud a été nommé imam, la lecture de ‘‘Sahih El Boukhari’’, qui débute au mois de rajab et se termine la nuit du destin (la nuit du 26 au 27 ramadan) a repris, et maintenant «khatm eddwil» reprend.

Ce lundi, durant la matinée du Mouled, la lecture de ‘‘Dalael Al-Khayrat’’, suivi de celle d’‘‘El Hamzia’’ y auront lieu comme à l’accoutumé.

L’Etat n’a repris le contrôle de la mosquée qu’en 2015.

Dieu merci, c’est bien cette Tunisie éternelle qu’on veut pérenniser et laisser pour les générations à venir.

Pour certaines personnes, extrémistes des deux bords, cela ne veut rien dire. Les intégristes croyaient qu’on était des païens et qu’ils allaient nous islamiser durant ces dernières années. Et les déracinés, les acculturés, «elli kharjou min kichrithom», comme l’exprime si bien cette expression populaire que l’on peut traduire littéralement : «ceux qui sont sortis de leur peau», pour eux, il faut se débarrasser de notre identité et devenir des petits Français ou des petits Anglais ou que sais-je encore.

La Tunisie ne peut réussir et avancer qu’en restant fière de son héritage, qu’en le perpétuant, qu’en sauvegardant son authenticité et, en même temps, en étant moderne et en s’ouvrant sur le monde. C’est bien dans cette synthèse que réside le succès de ce pays.

* Juriste.

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