La rencontre qui devait être une fête du football et de l’amitié entre la Tunisie et la France a dégénéré en violences dans les virages des supporters tunisois. Quel gâchis !
Par Mohamed Sadok Lejri *
La deuxième mi-temps de la rencontre qui a opposé, mercredi soir, à Radès, le Club Africain (CA) au Paris Saint-Germain (PSG), a été émaillée de violences entre groupes de supporteurs «klibistes». La cérémonie de la remise du trophée a, finalement, été annulée. A vrai dire, les Tunisiens qui imputaient le phénomène de violence dans les stades à la dictature de Ben Ali m’ont toujours fait sourire.
En réalité, dans les groupes de supporters des clubs de football, chez les supporters du virage comme on dit chez nous, la violence est un élément intégrateur et non d’exclusion.
Non seulement la violence permet au jeune supporter de prouver au groupe auquel il appartient la passion et la loyauté qu’il éprouve pour ce dernier, mais elle lui permet aussi d’exercer son «héroïsme».
Un supporter du CA a crevé l’oeil du commissaire de police Karim Barhoumi, mercredi soir, au stade de Radès.
Le jeune ultra s’attribue un petit moment de gloire en s’adonnant à des actes de vandalisme et en agressant l’«ennemi». Il passe du rang d’anonyme à celui de membre reconnu par le groupe et se construit une identité individuelle en participant à la construction d’une identité collective : «Nous, les membres du groupe ultra/supra/winners machin de tel club, sommes nombreux, courageux et invincibles. Nous faisons peur aux autres et reculons devant rien…»
Participer aux actes de violence permet au jeune ultra une meilleure adhésion au groupe. L’exercice de la violence lui permet de faire ses preuves et d’extérioriser toute la haine et la rancœur qui sont enfouies en lui. Elle lui permet également de trouver du plaisir dans la violence.
En outre, tout le monde sait que tout groupe qui célèbre un certain idéal viril valorise la violence. Et, pour être à la hauteur, il faut allier qualités physiques et morales.
En d’autres termes, il faut être d’une constitution solide et refuser toute mollesse efféminée; il faut avoir du courage et le sens de l’honneur. La volonté de puissance et de dominer l’autre (celui qui appartient au groupe rival) doivent pouvoir se lire dans l’image que l’on essaye de donner du groupe auquel on appartient et de soi-même.
Ben Ali est un pourri et, sous son règne, les gens se shootaient au football, mais le fait de lui imputer la responsabilité de la violence dans les stades de football est tout bonnement ridicule…
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