Passage frontalier tuniso-libyen de Ras Jedir.
L’accord conclu entre deux municipalités tunisienne et libyenne sur les échanges transfrontaliers n’a pas débloqué la situation au point de passage de Ras Jedir.
Du côté libyen, certains esprits se sont échauffés rapidement, à l’annonce de cet accord, dimanche. Pour le président de la Compagnie pétrolière nationale de la Libye (NOC) Mustapha Sanalla, cet arrangement est «une forme légalisée de contrebande», alors que le directeur du poste frontalier libyen Mohamed Jarafa a qualifié le deal de «tout à fait humiliant.»
Selon le site anglophone libyen ‘‘Libya Herald’’, au terme de cet accord, les commerçants tunisiens sont autorisés à importer, libre d’impôt, des produits en Tunisie jusqu’à une valeur de 4000 dinars libyens (LD), soit un peu plus 6500 dinars tunisiens (DT). En contrepartie, les Libyens ont droit d’importer, dans les mêmes conditions de non-taxation douanière, des produits alimentaires et des médicaments tunisiens pour une valeur de 1000 LD, soit 1635 DT.
Cet accord, selon ‘‘Libya Herald’’, a été conclu à El-Zaouïa, dans le nord-ouest de la Libye, entre des responsables tunisiens de la ville frontalière de Ben Guerdane, y compris un membre de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et des représentants de 9 municipalités de l’ouest libyen.
Sans ménagement, Mohamed Jarafa a accusé les 9 municipalités libyennes parties prenantes dans cet arrangement d’avoir «violé le rôle de l’Etat libyen» et déclaré: «Pour nous, rien n’a changé. Nous continuerons à travailler sur la base de nos procédures d’échanges transfrontaliers précédentes.»
En début de semaine, s’adressant aux participants à la conférence annuelle de la Société de raffinage d’El-Zaouïa, Mustapha Sanalla s’est insurgé contre ce qu’il considère comme «une tentative de la part des Tunisiens de donner un statut légal à la contrebande et de faire des profits au dépens du peuple libyen.»
Le président de la NOC s’en est également pris à la brigade Ennasr, force chargée de la surveillance des installations pétrolières de la raffinerie d’El-Zaouïa, l’accusant de complicité dans le trafic de pétrole libyen subventionné. Selon M. Sanalla, «cette contrebande coûte au Trésor libyen des manques à gagner de plusieurs millions de dollars par mois.»
Bref, l’impasse est loin d’avoir trouvé un terme…
Marwan Chahla
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