L’espace El Teatro a accueilli, vendredi dernier, le nouveau spectacle stand-up du jeune humoriste Mehdi Mahjoub, ‘‘Karr w Farr’’.
Par Fawz Ben Ali
Après des débuts derrière le «open-mic» des Lamma Slam où il s’était familiarisé avec la scène et le public, Mehdi Mahjoub a pu mieux révéler son talent d’humoriste grâce à la compétition Nescafé Comedy Show 2014 où il a été finaliste.
Un fourre-tout de vannes
Ce parcours l’a emmené à explorer un nouvel univers scénique, celui du stand-up, une forme de spectacle comique apparu à la fin du 19e siècle aux Etats-Unis, et revenu en vogue chez les jeunes comédiens d’aujourd’hui.
Grâce entre autres aux cours de théâtre avec Taoufik Jebali, Mehdi Mahjoub a pu gagner en confiance et en maturité artistique pour affronter en solo le public très exigeant d’El Teatro, venu en masse, vendredi soir, découvrir celui qui avait fait la première partie de Jamel Debbouze cette année à Sousse et qui a pris son temps pour élaborer son nouveau spectacle ‘‘Karr w farr’’ dont la mise en scène est signée Hatem Karoui.
C’est après environs 30 minutes d’attente et devant une salle comble, que Mehdi Mahjoub a finalement fait sa première apparition sur les planches d’El Teatro. Il a tout d’abord commencé par rendre hommage à ses parents, présents dans la salle, qui fêtaient ce jour-là leurs quarante ans de mariage, nous plaçant ainsi au cœur du thème de la soirée, celui du couple.
La vie de couple dans tous ses états
Le show a commencé avec un fourre-tout de vannes sur le froid, les feuilletons tunisiens, l’accent anglais, les habitudes culinaires… un début plutôt modeste où les rires avaient du mal à fuser. Mais Mehdi Mahjoub nous a vite ramenés à l’essentiel de son spectacle, à savoir, la vie de couple dans tous ses états. Le public a mieux réagi et le jeune humoriste, qui occupait la vaste scène sans autres accessoires que son micro, a gagné en assurance.
‘‘Karr w farr’’ est une sorte de reflet de l’époque actuelle passant en revue le quotidien des couples, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, mariés ou pas, tout le monde en prend pour son grade.
Traité sous un angle caricaturé, le couple moderne, fruit des réseaux sociaux, est au centre de ce spectacle. Ces réseaux sociaux qui unissent autant qu’ils séparent, en alimentant méfiance, jalousie, adultère à l’ère du voyeurisme technologique qui a fait évoluer les techniques de séduction mais aussi de contrôle.
«C’est vraiment compliqué la vie de couple!», nous dit Mehdi Mahjoub, en se lançant dans des explications aussi drôles que justes sur les origines des différends amoureux à travers de nombreuses anecdotes dans lesquelles le public s’est facilement reconnu; les rires et les applaudissements en témoignent.
Le spectacle défend l’idée que s’il y a dissemblance comportementale enter les femmes et les hommes c’est simplement parce qu’ils ne parlent pas le même langage et qu’ils ont chacun sa propre logique. On dirait même que ces deux êtres viennent de deux planètes différentes, d’ailleurs le spectacle s’inspire fortement du livre ‘‘Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus’’ de John Gray qui sert de base à forger des sketchs plutôt drôles, subtiles et représentatifs du couple moderne.
La femme remporte la guerre des genres
«Si les femmes parlent deux fois plus que l’homme ce n’est pas parce qu’elles sont des moulins à paroles mais parce que les hommes ont besoin qu’on leur répète les choses deux fois», lance Mehdi Mahjoub, au bonheur de la gente féminine présente dans la salle. Profitant de cette alchimie avec le public, il n’a pas hésité à quitter la scène pour se faufiler parmi les spectateurs et les faire participer à son talk-show. Certains sont même devenus des personnages de sketchs.
Le jeune artiste a continué à faire plaisir à son public féminin en pariant que «95% des hommes sont toujours d’accord avec leurs femmes. Les 5% restants seraient en ce moment dans le coma.» Dans ‘‘Karr w farr’’ la femme s’avère la grande gagnante dans la guerre des genres.
L’institution du mariage est également tournée en dérision, car «dépasser 10 ans de mariage relève du miracle», selon Mehdi Mahjoub, surtout que l’un épouse l’autre pour des raisons différentes, «si les hommes cherchent une deuxième maman, les femmes, elles, cherchent à fuir le carcan familial».
Bien que l’image des deux sexes dans ce spectacle soit restée le plus souvent figée dans des stéréotypes, Mehdi Mahjoub a néanmoins réussi à retenir son public durant un peu plus d’une heure et à lui soutirer des fous-rires qui confirment le succès de cette nouvelle figure de l’humour tunisien.
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