A la veille de l’attentat de Sousse, TUI a voulu renforcer la sécurité mais il a craint d’«effrayer les vacanciers par la présence d’une armée de policiers.»
Les auditions publiques sur les circonstances de l’attaque terroriste contre l’hôtel Riu Imperial Marhaba de Sousse, le 26 juin 2015, qui a coûté la vie à 38 touristes – dont 30 de nationalité britannique –, se poursuivent à la Cour de justice de Londres et elles continueront pendant les six prochaines semaines.
Le fait marquant de la séance d’hier, mercredi 18 janvier 2017, a été la révélation de la tenue d’une réunion, un mois avant l’attentat, sur la présence renforcée de sécurité policière et sur l’effet «incommodant» que celle-ci pouvait causer auprès des vacanciers.
Venancio Lopez, directeur général de Tunisie Voyages, une filiale du voyagiste international TUI, a fait le déplacement à Londres pour donner son témoignage. Il a déclaré qu’il a pris part à une rencontre qui s’était tenue à l’ambassade britannique à Tunis, le 25 mai 2015 – c’est-à-dire 2 mois après l’attentat contre le musée du Bardo et un mois avant celui de Sousse –, et durant laquelle il a présenté un certain nombre de points qu’il souhaitait que l’ambassade du Royaume Uni soumette aux autorités tunisiennes, notamment ceux ayant trait au renforcement de la sécurité.
La question de la sécurité sur les sites touristiques et le degré de sa visibilité a été à l’ordre du jour de cette réunion, a rappelé M. Lopez, ajoutant devant la Cour de justice de Londres, «si la sécurité est trop évidente, ceci peut susciter un certain inconfort.»
«Nous voulions accroître la sécurité, d’une manière générale, mais nous ne souhaitions pas effrayer les touristes par la présence d’une armée d’agents de police», a-t-il expliqué à l’auditoire.
L’enquête menée par le juge Nicholas Loraine-Smith a pu déterminer que la décision a été prise, lors de cette réunion du 25 mai 2015, d’équiper les accès des hôtels de portiques détecteurs-de-métaux, d’exiger que le personnel des établissements hôteliers tunisiens visionnent sérieusement les enregistrements des caméras de surveillance et qu’une police plus nombreuse patrouille les plages.
Tout cela n’a pas empêché le terroriste Seifeddine Rezgui de passer à travers les mailles du filet sécuritaire…
Le fait est bien établi, aujoud’hui: le degré zéro du danger terroriste n’existe pas. Le monde entier paye le prix de cette vérité quotidienne de ce début du 21e siècle.
Marwan Chahla
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