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L’islam et la coexistence entre les religions

Même s’il leur arrive d’enfanter des monstres, les religions sont toutes fondées sur l’amour de l’Homme, l’acceptation de l’autre et la coexistence pacifique.

Par Fathi Frini *

Fathi FriniVictime d’harcèlement de la part d’extrémistes religieux qui lui ont demandé de fermer son restaurant touristique à Djerba parce qu’«il sert de l’alcool dans un pays musulman réservé à ceux qui pratiquent cette religion» (sic !), un restaurateur tunisien de confession juive vient de lancer un appel à l’aide à travers une vidéo diffusée sur Facebook, «pour que ces agresseurs ne gâchent pas l’harmonie qui règne parmi les Djerbiens de différentes confessions et pour épargner à l’activité touristique dans l’île l’impact négatif de pareils comportements.»

Coexistence pacifique et respect de la diversité

Cela me choque d’autant plus que je suis musulman moi-même, issu d’une famille de confession musulmane, né dans un quartier de la médina où cohabitaient jadis musulmans, chrétiens, juifs et athées… Parmi les chrétiens et les juifs, certains étaient de fervents pratiquants, d’autres non, alors que, du côté nos coreligionnaires, on était presque tous pratiquants…

En famille, c’était «le laisser-faire, laisser-passer» et, personne parmi les parents ou les grands-parents ne nous enjoignaient, de quelque manière que ce soit, d’aller faire des ablutions pour nous préparer à la prière ou bien pour observer le jeûne de ramadan…

Quelle qu’était la solidité de nos convictions religieuses, nous avions des idéaux auxquels d’ailleurs nous croyons encore : la coexistence pacifique et le respect de l’humanité de l’Homme et sa diversité, tout en préservant la singularité du Tunisien et en évitant son assimilation aux autres cultures ou aux autres peuples.

Ces crimes commis au nom d’une religion

En terre d’islam, mais pas seulement, sévissent des fondamentalistes religieux, qui commettent des violences aveugles, des meurtres horribles, des enlèvements et des tortures…

Ces crimes sont commis au nom d’une religion, l’islam, dont le dieu, Allah, se manifeste par ses attributs et ses 99 noms, dont l’un est «Al-Rahman», le Miséricordieux. Si bien que ceux qui, aujourd’hui, tuent, décapitent et exécutent des innocents, souvent parmi leurs propres coreligionnaires, semblent ignorer le sens même de ce mot, que l’on retrouve d’ailleurs dans la «basmala» au début de chaque sourate du Coran.

Nous sommes persuadés qu’ils n’ont pas de connaissance approfondie du Coran, car si c’était le cas, ils auraient tenu compte de ce qui a été révélé au prophète Mohamed, le messager d’Allah, dans la continuité des dix commandements, dont celui-ci: «Tu ne tueras point!».

Ces fous d’Allah, de Dieu, d’Elohim et de bien d’autres divinités, suscitent des sentiments de réprobation et d’horreur, et pas seulement parmi leurs victimes.

Ces pratiques d’un autre âge et d’une barbarie extrême ne doivent pas seulement être condamnées mais combattues.

Une religion pervertie et souillée

Cependant, combattre l’extrémisme religieux ne signifie pas s’attaquer à une religion et en stigmatiser les prosélytes. Il s’agit de combattre les fanatiques, qui utilisent cette religion, la pervertissent et la souillent au nom de la guerre contre l’Occident ou pour s’attaquer à leurs propres concitoyens, toutes confessions confondues, porter les armes contre eux et déclarer la guerre sainte (jihad) aux soi-disant apostats et mécréants…

D’ailleurs, la folie meurtrière pousse ces terroristes à commettre les pires atrocités envers leurs propres «frères» en islam, chiites contre sunnites et vice et versa – au gré des vents contraires, des alliances contre-nature ou des intérêts du moment…
Devant des attitudes extrémistes et des actes de barbarie, doit-on recourir à la violence et autres méthodes sordides? Bien sûr que non ! Si nous recourons à de tels actes, nous deviendrions comme ceux que nous croyons combattre : des fanatiques écervelés et dangereux.

Eviter le piège de l’amalgame

Beaucoup n’ont pas encore compris qu’en profanant un lieu de culte, en saccageant une tombe, en brûlant un livre sacré ou en portant atteinte à l’intégrité physique des gens d’une autre confession ou en vandalisant leurs biens, on ne portera jamais atteinte à leurs idées ou à leurs convictions…

Beaucoup n’ont pas encore compris, non plus, qu’on ne combat pas les extrémistes islamistes en faisant l’amalgame en islam et islamisme. Car il y a toujours eu et il y aura toujours un islam des lumières, ouvert, tolérant, modéré, progressiste et qui préconise des remèdes contre «ces tentations qui correspondent à nos vulnérabilités» (P. Thomas Rosica)…

Toutes les religions sont fondées sur l’amour de l’Homme, l’acceptation de l’autre et la coexistence pacifique… Toutes enfantent des êtres d’exception, qui se croient investi d’une mission divine et qui, parfois, le payent de leur vie en devenant, aux yeux des leurs, des martyrs… Elles enfantent, également, des êtres, plus nombreux et souvent anonymes, qui réussissent à associer humanisme, science, tolérance et probité…Et d’autres encore qui deviennent des monstres, humilient leur religion, défigurent la spiritualité et participent à l’abaissement de l’humanité en l’homme, en prétendant œuvrer pour sa rédemption et son salut.

Il faut juste faire la part des choses et ne pas confondre les uns et autres, au risque de faire de graves amalgames porteurs d’incompréhensions, de malentendus et de violences potentielles.

* Juriste.

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