Pour sauver Tunisair et les autres entreprises publiques en difficulté des incompétents, bras cassé et rentiers qui les sabotent, il n’y a qu’une seule solution : privatiser.
Par Chedly Mamoghli *
Le sinistre spectacle offert, jeudi 8 mars 2017, par la compagnie nationale Tunisair ne réjouit personne, ni la direction, ni les employés compétents et sérieux, qui sont les premières victimes de leurs collègues indisciplinés, ni nous simples citoyens et passagers.
La question qui se pose et qui s’impose aujourd’hui est la suivante : quelle est la bonne solution? La meilleure et la plus efficace. Je dis bien la solution adéquate pour que cette compagnie devienne prospère, cesse d’être un fardeau et que le feuilleton de malheurs qu’elle offre et qui dure depuis des années prenne fin.
Mettre fin au confort de l’immobilisme
Nous ne voulons pas des habituelles mesurettes pour calmer la situation et, aussitôt l’orage passé, les responsables retournent se réfugier dans le confort de l’immobilisme et laissent le bateau couler.
Eh bien, la seule et l’unique solution pour Tunisair c’est la privatisation et le plus tôt possible, aujourd’hui avant demain. Toutes les autres alternatives qu’on voudrait bien nous présenter ne seront que de vaines tentatives pour nous embobiner.
L’État a consenti des efforts énormes pendant des années – et ce en dépit du contexte économique très difficile – pour sauver la compagnie d’une déroute financière et, à chaque fois, ces efforts ont été anéantis.
La bande de profiteurs et de traîtres qui paralyse Tunisair fait échouer tout plan de restructuration et écrase dans l’oeuf tout effort de redressement. Ils continueront de saboter toute tentative de sauvetage. Ils veulent que la compagnie nationale reste une vache à lait, et pour qu’ils continent d’en profiter, ils feront tout pour qu’elle le reste le plus longtemps possible. Ils sont tout sauf des patriotes et des gens honnêtes car la rentabilité et la pérennité de l’entreprise, sont leurs derniers. Ce qui les obsède, ce sont leurs intérêts, ni plus ni moins.
Aussi, n’y a-t-il pas trente-six mille solutions mais une seule : il faut privatiser. Il faut que l’État sorte du capital et que l’investisseur privé qui le remplacera – qu’il soit Tunisien ou étranger – en fera un vrai fleuron à la place du boulet que contribuable tunisien traîne depuis des années.
Renouer avec la culture de la performance
Ce n’est qu’ainsi que Tunisair pourra renouer avec la culture de la performance, de la compétitivité et de la croissance. Et ces profiteurs n’y auront plus alors de place et seront chassés comme des malpropres, ce qu’ils sont en vérité. Car un investisseur privé ne gardera que les éléments compétents et dévoués. Et les bras cassés ne pourront plus lui faire endurer ce qu’ils ont fait endurer à l’État tunisien.
Et là, il y a un stéréotype qui a la peau dure chez nous, c’est celui de voir dans le privé le dangereux prédateur qui vient pour détruire, exploiter et réduire à l’esclavage.
C’est là, hélas, ce qui est inculqué de génération en génération et très souvent par des gens qui ne connaissent rien à l’économie.
L’anti-libéralisme primaire
Le mot qui revient le plus souvent quand on évoque d’éventuelles privatisations, c’est le fameux «vous allez vendre le pays». Ce cliché risible est véhiculé par des démagogues à la pensée archaïque qui usent de la méthode Coué, méthode qui porte le nom du psychologue Émile Coué et qui consiste à répéter sans arrêt une idée jusqu’à entraîner l’adhésion du sujet concerné. Dans notre cas, il s’agit de matraquer médiatiquement les masses par l’anti-libéralisme primaire qui porte dans ses gènes cette phobie de toute privatisation mais aussi de toute réforme. Ils sont partisans de l’immobilisme le plus total, d’une économie sclérosée et de la médiocrité tout simplement.
L’économie tunisienne vit encore dans le XXe siècle. Elle doit se moderniser et être réformée pour entrer dans le XXIe, pour exister et se frayer une place dans ce monde globalisé, pour être une économie compétitive et performante.
Pour cela, le secteur bancaire doit être restructuré, les privatisations doivent reprendre leur cours y compris dans ce secteur. Le marché financier doit accroître sa part dans le financement de l’économie. La bourse doit être dynamisée et doit sortir de sa torpeur. Pour cela des entreprises de tailles importantes comme Tunisie Telecom doivent être introduites en bourse. Comment se fait-il que ce fleuron de l’économie n’est pas encore cotée?
Aucune entreprise du secteur des télécommunications n’st encore cotée en Tunisie. Est-ce normal? Y a-t-il un pays qui se méfie autant que le nôtre de sa bourse et qui cherche autant à la marginaliser. Agissons et osons aller de l’avant.
* Juriste.
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