Bureau du syndicat de l’enseignement secondaire (photo d’archives).
Après le veto de la direction de l’UGTT, dont il relève, le syndicat de l’enseignement secondaire est acculé à revenir sur sa décision de grève illimitée.
Par Abderrazek Krimi
Les tractations autour de la grève illimitée décidée par le syndicat de l’enseignement secondaire, dimanche dernier, ont pris un nouveau tournant ce samedi 18 mars 2017, après le veto opposé, officiellement, cet après-midi, par le bureau exécutif de l’Union générale des tunisienne du travail (UGTT).
Suite à la réunion, ce matin, entre le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, et les membres du syndicat de l’enseignement secondaire, le bureau exécutif de la centrale syndicale s’est réuni, sous la présidence de son secrétaire général, et publié un communiqué, où il a rappelé le soutien qu’il a toujours accordé aux enseignants et sa condamnation des humiliations qu’ils ont subis de la part du ministre de l’Education Neji Jalloul, tout en insistant sur l’importance de préserver de l’unité syndicale dans un esprit de discipline et de solidarité. C’est cet esprit qui a dicté au bureau exécutif son soutien aux revendications des enseignants et son opposition à toutes tentatives visant à les diaboliser ainsi que leurs représentants syndicaux, a ajouté le communiqué.
Le bureau exécutif de l’UGTT a indiqué, en outre, que les luttes syndicales ne doivent pas porter préjudice aux intérêts des élèves. Aussi doit-on favoriser d’autres alternatives que la grève pour exprimer les revendications, et ce afin d’éviter au pays toutes sortes de perturbations qui pourraient nuire à la paix sociale, a ajouté la centrale syndicale, dans ce qui résonne comme un désaveu de la position jusqu’au-boutiste du secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire Lassaad Yacoubi.
Tout en faisant assumer au ministre de l’Education la responsabilité de la crise actuelle, qui a créé un climat malsain dans les établissements scolaires, le bureau exécutif de la centrale syndicale a exprimé son refus catégorique de toute mesure pouvant porter préjudice aux élèves, notamment ceux d’entre eux qui s’apprêtent à passer les examens nationaux. C’est sur cette base que le bureau exécutif a réitéré son refus de toute suspension illimitée des cours.
Le bureau exécutif a, par ailleurs, appelé toutes les structures syndicales de l’enseignement et tous les enseignants à poursuivre leur travail en toute sérénité, promettant de continuer les concertations avec toutes les parties concernées afin de trouver une solution alternative à la tête du ministère de l’Education.
Suite à cette fin de non-recevoir opposée par le bureau exécutif de l’UGTT, qui était du reste attendue, le bureau du syndicat de l’enseignement secondaire s’est réuni à son tour en urgence. Certains membres, animés d’une volonté de défier le bureau exécutif, ont suggéré que l’ordre du jour de la réunion soit la fixation des modalités d’application de la grève illimitée. D’autres, conscients des conséquences négatives que pourrait avoir une telle escalade, ont préféré faire prévaloir la raison et réussi à orienter la discussion vers la recherche d’un compromis avec la direction de l’UGTT.
Finalement, le bureau du syndicat général de l’enseignement a pris la décision de poursuivre sa réunion, demain matin, pour essayer de trouver une issue à cette situation qui sauve la face de toutes les parties.
De son côté, Lassaad Yaacoubi, a publié un post sur sa page Facebook où il a qualifié le communiqué du bureau exécutif de «grave antécédent dans une conjoncture où les professeurs font l’objet d’une grave atteinte à leur dignité». Il a, cependant, appelé «tous les éducateurs à plus de retenue et à ne pas réagir à ce communiqué du bureau exécutif de quelque manière que ce soit», invitant, par la même occasion, tous les syndicats de base et les structures régionales à se concerter afin de préparer une réaction unifiée au veto du bureau exécutif.
Ce qui s’apparente à l’annonce d’une retraite… rendue inévitable, car la décision de grève illimitée fixée pour le 27 mars courant était irréfléchie et, si elle venait à être mise à exécution, pourrait avoir de graves conséquences pour les responsables syndicaux, car, selon toute vraisemblance, ils auraient du mal à la faire respecter par une écrasante majorité des enseignants. Traduire : elle aboutirait à un échec cuisant.
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