La 3e édition du festival Sicca Jazz, qui s’est tenue du 15 au 19 mars 2017, a offert une panoplie de musique du monde jazzy avec des artistes nationaux et internationaux de renom.
Par Fawz Ben Ali
Dans son optique de décentraliser la culture et de promouvoir le tourisme intérieur, le festival a réussi sa mission d’attirer non seulement les mélomanes keffois mais aussi un grand public venu de tout le pays pour savourer une musique de qualité et profiter par la même occasion des beaux paysages de la ville du Kef.
Le concert du samedi 18 mars fût l’un des moments forts de cette édition avec Moncef Genoud Trio et les NoJazz à l’espace historique de la Citadelle du Kef. Embelli par une magnifique scène pour l’occasion, le site a retrouvé une deuxième vie.
Moncef Genoud.
Douceur du piano et folie de l’électro-soul
Après avoir annoncé que la deuxième partie serait assurée par Seum Kuti et Egypt 80 (Nigeria), la direction du festival a modifié le programme quelques jours avant la date du concert, remplaçant le collectif nigérien par le groupe français Nojazz, ce qui n’a pas dérangé le public, venu malgré tout apprécier avec autant d’enthousiasme aussi bien la douceur du piano de Moncef Genoud que la folie de l’électro-soul des Nojazz.
Après environ une heure de retard, la soirée a commencé en douceur sur les ballades jazz du pianiste et compositeur tuniso-suisse Moncef Genoud, accompagné par Gabriel Scotti à la guitare basse et Valentin Leichti à la batterie.
Malgré une trentaine d’année de carrière, le pianiste virtuose et non-voyant de naissance demeure malheureusement peu connu du grand public tunisien. Moncef Genoud revient en Tunisie après s’y être produit pour la dernière fois en 2009 dans le cadre du festival Jazz à Carthage, pour présenter ses dernières compositions qui se sont réinventées au fil des années et des rencontres.
«Ce n’est pas avec les yeux que l’on voit le mieux», c’est la devise de ce musicien hors pair qui, malgré sa cécité a su se faire une place parmi les jazzmen européens les plus réputés d’Europe grâce à une sensibilité inouïe et un doigté fabuleux au piano.
La première partie du concert a pris l’allure d’un piano bar dans une atmosphère apaisée teintée de mélancolie où Moncef Genoud nous a fait découvrir notamment son dernier album ‘‘Pop songs’’ où il propose une relecture toute en finesse des standards du rock et du pop. Le public a particulièrement apprécié ‘‘Smells like teen spirit’’ de Nirvana, ‘‘Message in the bottle’’ de Sting ou encore le dernier titre de la soirée ‘‘Summertime’’ de Jimi Hendrix.
NoJazz.
Un mélange improbable de sons soul et funky
La douce pénombre qui éclairait la scène a laissé place à un vives lumières pour accueillir les funky membres de Nojazz qui, après des concerts un peu partout dans le monde, débarquent pour la première fois en Tunisie pour partager avec les mélomanes tunisiens leur vision très éclectique de la musique.
Jeffray (chant), Pascal Reva (guitare et percussions), Sylvain Gontard (trompette), Philippe Sellam (saxophone) et Philippe balatier (claviers) refusent de se caser dans un seul registre musical et cela se traduit dans un mélange assez improbable de sons soul et funky des années 80 sur un électro actuel et branché. Ce mélange savoureux est le fruit de près de 20 ans d’explorations musicales et de collaborations prestigieuses notamment avec Stevie Wonder ou encore le producteur de Miles Davis.
Pour ce rendez-vous tunisien, le groupe a surtout misé sur la présentation de son dernier opus ‘‘Soul Stimulation’’ sorti en 2016. Comme son nom l’indique, l’album annonce une tournure Soul dans la carrière du groupe, une évolution marquée par l’arrivée du nouveau vocaliste Jeffrey, avec lequel les Nojazz ont sacrifié le rap à la chanson.
Le public s’est déchaîné sur ces rythmes vibrants et particulièrement le tube très attendu ‘‘Swingin’ in da rain’’, concluant ainsi cette soirée hautes en couleurs.
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