Les principaux axes de la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique doivent faire l’objet d’un débat national ouvert et inclusif.
Par Abderrazek Krimi
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous, a invité, jeudi 23 mars 2017, dans un cadre qu’il a voulu informel et convivial, au siège de son département, des représentants de la presse écrite, pour un débat autour des questions relatives au programme de réforme de l’enseignement supérieur qu’il envisage de mettre en œuvre.
Dans un court aperçu sur les actions qu’il a menées au sein du ministère depuis sa prise de fonction il y a six mois, il a évoqué notamment les obstacles auxquels il a fait face et qui sont dus, selon lui, à un esprit de «conservatisme hostile à toute tentative de réforme», avant d’exposer sa vision de la réforme du secteur.
Une nouvelle approche méthodique
Slim Khalbous a indiqué que la nouveauté du projet de réforme qu’il a proposé consiste dans la vision de la méthode de sa mise en œuvre. Les commissions de réflexion ont impliqué tous les recteurs, dont certains ont boudé pour une longue période les locaux du ministère.
Ces commissions revêtent un caractère inclusif puisque leur composition a été élargie pour impliquer toutes les parties du système de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, notamment les étudiants, les chefs d’entreprise et les députés. Leur travail sera couronné par la tenue des «assises nationales de la réforme», les 30 juin et 1er juillet 2017, sous la présidence du chef du gouvernement.
Quant aux points cardinaux sur lesquels travaillent ces commissions, ils ont été répartis en 5 axes principaux, qui se divisent chacun en deux sections, pour avoir en fin de compte 10 commissions dont chacune examinera un aspect particulier de la réforme. Les axes concernent la formation et l’employabilité, l’enseignement supérieur, la gouvernance, la carte universitaire et la recherche et l’innovation.
Slim Khalbous.
Développer la recherche scientifique
Le ministre a insisté, à ce propos, sur la question de la recherche scientifique qui, malgré les budgets importants qui lui sont alloués et les différentes ressources de financement dont elle bénéficie, est encore en-deçà des attentes et des besoins. Il a noté, à ce propos, que le problème fondamental dans ce secteur reste la gouvernance.
En effet, les grandes possibilités de financement dont peut profiter la recherche scientifique, qui proviennent aussi bien de l’Etat que des entreprises privées ou dans le cadre de la coopération internationale, sont mal exploitées. Conséquence: de grosses sommes destinées à la recherche se trouvent gelées et des dons pour l’aide à la recherche de la part d’organismes internationaux retournent aux donateurs puisqu’ils ne sont pas utilisés.
C’est pourquoi, il devient impératif, aujourd’hui, de former les responsables des universités et des centres de recherche sur l’application des principes de la gouvernance pour l’optimisation de l’exploitation des moyens mis à leur disposition.
Articuler l’enseignement supérieur sur le secondaire et le primaire
Un débat direct et franc a suivi cet exposé. La question de l’articulation de la réforme de l’enseignement supérieur avec celle qui s’effectue actuellement aux niveaux du secondaire et du primaire a ainsi été évoquée. Le ministre a souligné la nécessité que les réformes soient liées et complémentaires, soulignant la nécessaire coordination autour des questions communes, notamment celle de l’orientation universitaire.
M. Khalbous a mis l’accent, dans ce cadre, sur la proposition qu’il a faite à son homologue de l’Education, Neji Jalloul, et qui consiste dans la réduction des sections enseignées au niveau du secondaire à quatre, à savoir les mathématiques, les sciences expérimentales, les lettres et les sciences technologiques. Il a estimé qu’une telle répartition permettra une meilleure consolidation des acquis des élèves du secondaire afin qu’ils puissent s’adapter aux exigences scientifiques de l’enseignement supérieur.
Dans ce contexte, le ministre a insisté sur l’écart entre l’orientation universitaire et les aspirations réelles des orientés, soulignant la nécessité de diversifier les matières optionnelles et de les intégrer dans les critères d’orientation.
D’autres questions ont aussi été évoquées, portant sur l’acquisition des langues, l’ouverture de toutes les spécialités enseignées au supérieur sur les sciences humaines, afin de développer l’esprit critique des étudiants, et l’apport du secteur de l’enseignement supérieur privé à l’évolution générale de l’enseignement en Tunisie.
Réagissant positivement aux remarques et suggestions qui lui ont été faites par les journalistes présents, M. Khalbous a insisté, à la fin de la rencontre, sur l’importance du rôle des médias pour faire connaître les grands axes de cette réforme afin d’engager un véritable débat national autour de ses principales idées et orientations, car il y va de l’avenir de la Tunisie.
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