Ancien militant du parti islamiste Ennahdha du temps où il était encore étudiant, Mehdi Jomaa doit clarifier sa position vis-à-vis de ce parti et de l’islam politique en général.
Par Adnane Belhajamor *
A Mehdi Jomaa, ancien chef de gouvernement provisoire, qui a annoncé officiellement, aujourd’hui, mercredi 29 mars 2017, la création d’un nouveau parti, Alternative tunisienne, je livre mon sentiment et mes interrogations.
M. Jomaa, vous allez devoir vite, très vite, annoncer votre position à l’égard d’Ennahdha et de l’islam politique. Et pour cause : vous êtes un monsieur qui, jeune étudiant à l’Ecole nationale des ingénieurs de Tunis (Enit), a déjà appartenu à cette mouvance. On vous a retrouvé 25 ans plus tard ministre de l’Industrie de la «troïka», la coalition gouvernementale conduite par Ennahdha et sur sa proposition, et vous semblez avoir donné satisfaction à ce parti au point qu’il vous a proposé pour prendre la tête du gouvernement de technocrates, en janvier 2014. On est tenté de voir en cela une cohérence sur la longue durée de la part d’Ennahdha et de votre part aussi.
Un autre signe suscite nos soupçons et nos inquiétudes : nous ne vous avons jamais entendu évoquer des questions en relation avec le besoin de poursuivre le processus de modernisation culturelle et sociétale engagé depuis l’indépendance par Habib Bourguiba et les bâtisseurs de l’Etat tunisien moderne. Aussi, et pour le besoin de clarté et pour éviter à notre peuple une autre déception, vous êtes appelé à vous prononcer sur la question de modernisation sociale et sur sa conception de la république civile et démocratique.
J’ose espérer que vous ne vous offusquerez pas de cette interrogation. C’est essentiellement par rapport à ces questions que les démocrates et les modernistes de ce pays se détermineront politiquement à votre égard.
* Activiste politique.
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