Dans un entretien au journal ‘‘Métro’’ de Montréal (Canada), Moncef Marzouki confirme son ambition de revenir au Palais de Carthage. «Pour terminer le boulot», dit-il.
L’ancien président provisoire de la république lance d’abord des piques contre son successeur Béji Caïd Essebsi, qui l’a battu à la présidentielle de 2014. Evoquant le projet de loi portant sur la réconciliation économique et financière, proposé par le président de la république à la Chambre des représentants du peuple (ARP), M. Marzouki a affirmé que «le président Essebsi est arrivé au pouvoir avec une proposition de loi qui consiste quasiment à passer l’éponge sur tous les crimes économiques qui ont été commis contre le pays.»
Fidèle à sa propension sinon au mensonge, du moins à l’exagération, il a affirmé que «cette loi a été massivement rejetée par l’opinion publique» et que «ce n’est pas seulement le point de vue d’un opposant», puisqu’«elle a même été considérée par des instances internationales comme quasiment inacceptable d’un point de vue éthique et politique.» Et de lancer cet avertissement, qui sonne comme une menace (vous allez voir ce que vous allez voir !): «S’il (Caïd Essebsi, Ndlr) la fait passer de force, cela va bloquer la transition et ça risque d’être dangereux pour le pays. On fait tout pour que ça n’arrive pas. Je tiens à ce que la contestation soit faite dans le cadre de manifestations pacifiques.»
Interrogé ensuite sur l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2019, M. Marzouki a commencé par un nouveau mensonge : «Non, je n’ai jamais dit ça! On me pose la question chaque fois, mais pour le moment, je n’en suis pas là. Ça sera une décision collective. Je n’ai pas dit que je serais candidat en 2019.» Mais, comme on devait s’y attendre, il n’a pas tardé à se contredire, en faisant part clairement de son appétit politique et de ses ambitions présidentielles : «Pour ce que j’ai dit en 2014, quel homme politique n’a pas prononcé cette phrase? Nous la disons tous, mais nous restons accrochés à la politique». Et d’ajouter pour ne laisser aucun doute sur ses appétits de conquête : «Il y a les habitudes, mais surtout, j’avais l’impression que le travail n’était pas achevé, que quelque chose avait été raté. J’aurais quitté la politique rasséréné s’il y avait eu une poursuite de la révolution. Mais voir les régimes que j’ai combattus toute ma vie revenir au pouvoir, même démocratiquement, c’est le signe que ce n’était pas terminé. Je veux finir le boulot. Je veux, avant de mourir, voir mon pays dans une démocratie débarrassée de la corruption.»
On ne peut rien écarter, y compris un retour de M. Marzouki au Palais de Carthage, car au rythme où la vie politique en Tunisie se dégrade, une telle catastrophe est toujours envisageable. Les Tunisiens sont avertis…
I. B.
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