La Chine est en train de repenser sa stratégie de redéploiement international, qui passera désormais par la Méditerranée. La Tunisie espère y jouer un rôle central.
Par Wajdi Msaed
«Nous sommes méditerranéens avant d’être arabes et musulmans. Carthage est toujours là. Nous devons la ressusciter et nous devons savoir mettre en valeur notre pays et ses richesses historiques et culturelles», lance Dr Mohamed Sahbi Basli, directur exécutif du Sico (Silk Road International, Cultural and Commercial Organisation) pour le bassin méditerranéen, à l’ouverture de la cérémonie de célébration, le samedi 1er avril 2017, de la nomination de Tahar Bayahi, président du groupe homonyme, en qualité de président exécutif de Sico Tunisie.
Commerce et culture
En présence de Hong Hong, secrétaire général de Sico, venu spécialement de Chine pour honorer de sa présence cet événement, et devant un parterre composé notamment de représentants du monde des affaires, de la culture et des médias, Dr Basly a insisté sur l’importance de cette dimension méditerranéenne dans la géographie et l’histoire de la Tunisie, dimension que la Chine a remise en valeur dans sa stratégie de communication et de coopération avec le monde extérieur.
Le président chinois, Xi Jinping, a défini, depuis 2015, l’objectif de Sico, en précisant que cette organisation tend à mettre en place une nouvelle stratégie chinoise de redéploiement international basé sur l’investissement, le réseautage et l’échange entre les peuples.
La mission accomplie depuis le moyen âge par la route de la soie, en tant que réseau de routes commerciales et support, durant des siècles, de transit de marchandises et d’échanges culturels, doit être développée de nouveau, aujourd’hui, pour réintégrer le bassin méditerranéen, berceau de plusieurs civilisations et cultures, dans les flux des échanges mondiaux.
Pour un dialogue cohérent et fructueux
La nouvelle route de la soie vise, selon lui, à lancer un dialogue cohérent, utile et fructueux entre la Chine et trois régions importantes pour le commerce international : l’Europe du Sud, l’Afrique du Nord et le Moyen Orient, qui bordent toute la mer Méditerranée.
«Ayant constaté l’échec de sa politique de rapprochement avec le continent africain et réalisé l’importance du fossé culturel empêchant davantage de fluidité des échanges et une meilleure compréhension entre les grandes régions du monde, la Chine compte beaucoup sur la Tunisie pour aider surmonter les clivages, réduire les fossés et rapprocher les hommes dans le pourtour méditerranéen», précise Dr Basly, qui estime que le rapprochement socioculturel entre la Chine, ce géant de l’économie mondiale, et le monde méditerranéen implique, entre autres vecteurs, la culture, la cuisine, les modes vestimentaires, ainsi que la façon de faire et de penser.
A cet égard, l’exemple de la bonne intégration des Chinois en Algérie, où leur nombre s’élève à 150.000, dont 2.000 ayant conclu des contrats de mariage avec des Algérien(ne)s, est à méditer, car il a permis un puissant brassage culturel.
Première antenne africaine
Présente dans une soixantaine de pays à travers le monde, Sico a choisi la ville de Valence, en Espagne, pour y installer son siège. Le choix n’est pas aléatoire : Valence fut, jadis, le dernier port de la route de la soie et cette ville ouest-méditerranéenne est baptisée par l’Unesco, en 2017, capitale mondiale de la route de la soie.
Hong Hong, cet artiste de formation et homme de culture par excellence, estime, de son côté, que la route de la soie, dont la mission est de promouvoir la coopération entre la Chine et les pays arobo-musulmans, est susceptible de renforcer davantage le climat d’amitié, de dialogue et d’intégration.
Se félicitant du choix de la Tunisie pour abriter la première antenne africaine de Sico, il déclare que son organisation ne cesse d’encourager les Chinois à venir nombreux en Tunisie, aussi bien pour le tourisme que pour l’investissement, afin de «soutenir ce pays ami dans cette phase de transition et l’appuyer dans son processus de développement».
«La Tunisie dispose de tous les moyens pour être une plateforme commerciale et touristique dans sa région et un carrefour de grande envergure pour la route de la soie», a-t-il ajouté.
Le TGV chinois doit passer par la Tunisie
Pour sa part, Tahar Bayahi, a affirmé que la Chine, qui se développe rapidement, constitue, de nos jours, un acteur essentiel de la scène internationale et nous devons réussir à «faire passer ce TGV par la Tunisie et y monter».
Estimant que la Tunisie est un pays de réussite, faisant allusion, notamment, à son indépendance et aux deux changements de 1987 et de 2011, il a souligné : «Notre rôle n’est pas de promouvoir la Chine en Tunisie mais plutôt de défendre les intérêts de la Tunisie en Chine», en évoquant les multiples avantages dont dispose la Tunisie et les énormes potentialités susceptibles de renforcer la coopération entre Tunis et Pékin.
«Les entreprises chinoises ont manifesté une véritable volonté de venir s’installer en Tunisie», a ajouté M. Bayahi, en précisant : «La balle est dans notre camp et nous devons mettre en place les structures nécessaires pour les accueillir».
M. Basly a confirmé cette approche, en indiquant que la partie tunisienne cherche à faire venir les Chinois pour s’installer en Tunisie, à y implanter des entreprise et à y créer des emplois. «Un seul groupe chinois est capable de créer une centaine d’entreprises pour exporter vers l’Europe», a conclu le directeur exécutif de Sico pour la Méditerranée.
Notons que cette cérémonie a été organisée conjointement par le Conseil de coopération tuniso-chinois (CCTC), fondé en 2015 et présidé par Dr Basly, et la Chambre de commerce tuniso-chinoise (CCTC), présidée par M. Bayahi et dont la création remonte aux derniers mois de 2016.
Cette dernière mettra en avant la qualité, l’excellence et la diversité de ses membres pour soutenir les actions de Sico en Tunisie afin d’en faire un partenaire de premier ordre de la Chine dans de nombreux domaines.
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