L’artiste peintre Walid Zouari promène son œuvre à travers les galeries de Bruxelles à Koweït-City, en passant par Vienne, Houston, Pékin, Paris, Amman, Le Caire et, bien sûr, Tunis.
Par Hamma Hanachi
Il faut croire qu’avec ses nouvelles œuvres, Walid Zouari, l’artiste qui monte, a gardé la pêche de son enfance. Une brassée de tableaux exposés sur deux étages de la galerie Médina, à Tunis, des anciennes œuvres abstraites, brutes de décoffrage, et un panorama de sa production actuelle. Résultat : une figuration dynamique, gaie et ludique.
La traversée continue
Quand une exposition nous offre le double plaisir de revoir avec le peintre ses œuvres abstraites et le brillant langage figuratif d’aujourd’hui, il convient de marquer un temps de repos, d’admiration et saluer l’évolution de l’artiste avec les égards méritoires.
Walid, pour l’appeler avec cordialité, n’est pas étranger au sérail, mais il creuse son trou tel un ermite, à l’écart du vacarme de la cité et de ses pairs. Il a sillonné le monde exposant à Bruxelles, Vienne, Houston, Pékin, Paris, Amman, Le Caire, Koweït etc.
A voir sa profuse production et ses récents faits d’armes, on est prêt à parier qu’il entrera sans difficulté dans les aubes prometteuses des artistes qui comptent. Sa formation est originale pour ne pas dire en marge. Il consacre beaucoup de temps à la communication visuelle, une discipline qu’il maîtrise comme peu de designers, des illustrations de CD, ceux de Dhafer Youssef (excusez du peu) pour lequel, en 2010, il exécute douze peintures en illustration de son ‘‘Abu Nawas Rhapsody’’. Quatre ans plus tard, il édite un Art book avec 200 planches inspirées du dernier album d’Anouar Brahem ‘‘Souvenances’’. La traversée continue.
Sa démarche est à notre sens l’aboutissement d’un cheminement modéré et bien tempéré comme la sonate qui porte le même titre.
L’artiste qui monte
Walid Zouari, pouvait continuer son bonhomme de chemin, tranquille, pépère entre commandes commerciales et vie familiale, lui qui, apparemment, dans sa vie, ne connaît ni insolence contre quiconque, il n’a de compte à rendre à personne, ni ennemi déclaré dans ce monde de l’art parfois dur où les coups bas sont permis, mais ce n’est qu’apparence puisqu’il nous montre dans cette charmante galerie Médina, dirigée de main de maître par Alia Bouderbala, une exposition intitulée à juste titre ‘‘Errances’’, une somme d’œuvres hallucinantes où l’on découvre au-delà d’une de figuration libre, visiblement divertissante des têtes, l’une souriante qui avoisine une autre bouille hilarante, une tronche couronnée risible aux côtés d’une autre ronde, taillée d’une croix et tout est à l’avenant. Où l’on constate que Zouari travaille (sans relâche) à l’abri du discours «tyrannique» de l’art contemporain.
Des toiles à l’acrylique de dimensions différentes dont quelques-unes sont de tailles imposantes, des tas de formes de têtes marquées par une cicatrice, un pansement, un arc de cercle. Réjouissantes figures.
Il y a dans cet ensemble une atmosphère de légèreté accueillante, des aplats de couleurs enjouées, amusantes même. On en sort revigoré, car cette exposition diffuse un bonne dose d’optimisme et d’esprit.
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