Noureddine Taboubi dénonce les lobbys qui contrôlent les institutions de l’Etat et les instrumentalisent pour leurs propres profits.
Dans un entretien accordé, samedi 8 avril 2017, au journal arabophone ‘‘Al-Maghreb’’, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est revenu sur les récents mouvements sociaux, notamment dans les gouvernorats du Kef et de Tataouine, pour en faire porter la responsabilité aux différents gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution de janvier 2011.
Ces gouvernements et les partis qui les ont soutenus ont fait des promesses qu’ils n’ont pas honorées et n’ont fait aucun effort pour améliorer les infrastructures dans les régions intérieures afin d’attirer les investisseurs, tunisiens et étrangers, vers ces régions, a-t-il expliqué.
M. Taboubi a, par ailleurs, dénoncé ce qu’il a appelé le «deuxième rang», constitué de «personnes corrompues qui ont infiltré l’appareil de l’Etat et commandent ses rouages, en semant la discorde dans le pays», sans citer les noms de ces personnes.
Le secrétaire général de l’UGTT a indiqué que «le montant de 500 millions de dinars, représentant la valeur de la contrebande de tabac et de carburant, est très important, surtout quand on sait que le nombre de contrebandiers ne dépasse guère 200 personnes».
Noureddine Taboubi a affirmé, en outre, que «la bonne volonté ne suffit pas à elle seule pour lutter contre la corruption; il faut aussi des actions concrètes et une révolution sociétale qui transforme les mentalités et les oriente vers la lutte contre ces lobbys puissants».
Le responsable syndical n’a pas manqué de souligner, dans ce cadre, la bonne volonté qui anime le chef du gouvernement Youssef Chahed pour lutter contre ces réseaux de corruption, indiquant, à ce propos, que «la bonne volonté du chef du gouvernement ne suffira pas» pour venir à bout de ce fléau. «Si cette volonté n’est pas soutenue politiquement par la coalition gouvernementale, il ne pourrait aller loin dans les réformes», a-t-il souligné.
M. Taboubi laisse ainsi entendre que les lobbys de la corruption qui entravent les réformes sont représentées au sein des partis au pouvoir qu’ils instrumentalisent pour orienter les choix du gouvernement. Plus clairement, si les partis Ennahdha et Nidaa Tounes «s’abstiennent de donner les directives et de menacer ouvertement le gouvernement, les choses pourraient certainement changer», a-t-il affirmé.
Abderrazek Krimi
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