Mohamed Abbou / Youssef Chahed.
Le fondateur du Courant démocratique (Attayar), Mohamed Abbou, est passé d’une opposition radicale à un soutien tapageur au gouvernement.
Par Abderrazek Krimi
Ce n’est pas l’ancien ministre auprès du Premier ministre, chargé de la Réforme administrative dans le gouvernement Hamadi Jebali, de décembre 2011 à juin 2012, qui a changé, mais le gouvernement d’union nationale conduit par Youssef Chahed qui a fait un virage à 180 degrés en lançant, depuis le 23 mai 2017, une campagne contre les réseaux de la corruption et de la contrebande.
La nouvelle image de la Tunisie
Cette campagne semble trouver un écho très favorable auprès de M. Abbou, grand pourfendeur de la corruption devant l’Eternel, qui ne s’est pas contenté d’exprimer son soutien à Youssef Chahed pour la vague d’arrestations effectuées, la semaine dernière, dans les rangs des barons de la contrebande, mais a adressé également, dans un post publié sur sa page Facebook, lundi 29 mai, un message de soutien pour le moins complaisant au président de la république Béji Caïd Essebsi, qui était, jusque-là, la principale cible de ses critiques.
Dans ce post, Abbou se réjouit du respect dont a bénéficié le chef de l’Etat de la part des chefs d’Etat des grandes puissances du monde, lors du dernier sommet du G7, tenu la semaine dernière à Taormina, en Italie, estimant que la qualité de l’accueil qui lui a été réservé ne peut que rejaillir positivement sur la Tunisie.
M. Abbou a estimé que M. Caïd Essebsi peut être fier de la nouvelle image de la Tunisie, qu’il a su incarner lors du sommet du G7, grâce aux acquis de la révolution ayant mis un terme au despotisme et à la corruption.
La campagne contre la corruption est irréversible
Le leader du Courant démocratique, qui, on le sait, n’a pas l’éloge facile, a exhorté le chef de l’Etat à honorer les prérogatives liées à son poste de président de la république démocratiquement élu et ce en concrétisant les principes démocratiques dans une conjoncture marquée par le retour en force d’une «corruption systématique». M. Abbou a, dans ce contexte, exprimé son «souhait» de voir le président de la république retirer le projet de loi sur la corruption qu’il a proposé au vote de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Il a, d’autre part, exprimé le souhait de voir «tout le monde comprendre que la campagne déclarée par le chef du gouvernement contre la corruption est irréversible, car elle vise la préservation de l’Etat», ajoutant qu’un recul serait interprété comme «un indicateur de faiblesse et d’incapacité d’agir», et, par conséquent, «un aveu d’échec suivi de l’annonce de la démission du gouvernement». Ce qui serait, selon lui, une affirmation officielle que «la corruption est devenue plus puissante que l’Etat».
S’adressant ensuite aux politiciens qui ont décrit la campagne menée par Youssef Chahed comme une opération de règlement de comptes entre des lobbys d’influence et qui considèrent que le gouvernement est incapable de combattre la corruption, M. Abbou a souligné l’importance du soutien des citoyens qui, selon lui, diront «que le seul gouvernement qui a sorti ses griffes et déclaré la guerre à la corruption a été mis en doute et son action critiquée, y compris par ceux qui n’ont cessé d’appeler à ouvrir le dossier de la corruption», par allusion notamment aux déclarations faites en ce sens par le porte-parole du Front populaire Hama Hammami, qui, du coup, s’est retrouvé à droite de Mohamed Abbou et dans le camp des «amis» de Chafik Jarraya, le baron de la corruption poursuivi par le tribunal militaire pour trahison et intelligence avec une armée étrangère.
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