Depuis le début de ramadan, le 27 mai 2017, Tunisair n’offre plus de vin avec ses repas sur ses vols, au grand dam de certains voyageurs. Ses hôtesses vont-elles bientôt porter le voile ?
Par Farhat Othman
Du fait d’un tel comportement irrespectueux des clients, certains voyageurs, qui vantaient l’amélioration de la qualité de ses repas à bord, ont même déclaré entendre boycotter désormais la compagnie aérienne nationale tunisienne, et pas seulement durant ramadan.
C’est d’autant plus regrettable que, jusqu’ici, Tunisair a toujours servi du vin à qui en demandait, y compris durant ramadan, et que la compagnie continue à assurer le service repas comme en temps normal.
Une telle absence du vin aurait-elle pour cause ce mythe, désormais éventé, de l’interdiction de l’alcool en islam, puisqu’on sait maintenant que ce n’est que l’ivresse que l’islam prohibe et non le vin et l’alcool? Feu Mohamed Talbi, qui connaissait sans doute mieux le Coran que n’importe quel prédicateur de pacotille, l’avait souvent martelé.
Quelle que soit la raison, il semble que Tunisair n’y soit pour rien puisqu’elle ose quand même servir les repas malgré le zèle de ceux qui veulent rendre le jeûne obligatoire en violation de la loi islamique. On sait aussi, en effet, qu’outre le principe cardinal islamique du respect de la volonté de tout un chacun de jeûner ou non, seul Dieu est comptable des agissements des fidèles relevant de la vie privée.
Cette décision de ne plus servir le vin à bord a été prise, pour la première fois, par la compagnie aérienne nationale tunisienne, le 20 juillet 2012, sous le règne de la «troïka», l’ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, qui a dirigé la Tunisie de janvier 2012 à janvier 2014, alors que jusqu’à cette date, Tunisair réservait cette mesure aux vols à destination de l’Arabie Saoudite et certains autres pays arabes. A partir de 2012, elle l’étendit donc à l’ensemble de son réseau.
La décision, rappelons-le, a créé une polémique en Tunisie, les laïcs dénonçant une tentative d’islamisation du, des responsables d’agences de voyage et des propriétaires d’hôtels estimant qu’elle aurait un impact négatif sur le tourisme durant la haute saison estivale. Mais, les responsables de la communication de Tunisair avaient alors expliqué que «les touristes européens pouvaient comprendre qu’une compagnie arabe ne serve pas d’alcool» (sic !).
Après le départ de la «troïka», on a estimé que les choses étaient rentrées dans l’ordre, mais voilà que cette année, les responsables de la compagnie ont décidé de revenir à cette décision qui ne redore pas l’image de Tunisair, déjà fortement ternie par la détérioration de ses services, la multiplication des retards, les vols de bagages, etc.
Cependant, selon un membre du personnel à bord, la raison de cette aberration est extérieure à Tunisair. C’est le responsable des approvisionnements de la compagnie en alcool qui a pris la décision incongrue de ne plus la fournir sans se soucier de l’impact négatif de cette décision sur son image et celle de la Tunisie dont Tunisair est en quelque sorte une devanture.
La société Hamila Duty Free, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, se serait-elle ralliée aux vues intégristes? Ce serait alors tout simplement ahurissant, car la vente à bord d’alcool est toujours assurée. Ainsi, suspend-t-on le vin offert aux repas tout en continuant d’en faire commerce en vente à bord!
C’est une logique insensée qu’on aimerait bien comprendre en adressant notre question du titre à la direction des ventes à bord de la Société Hamila pour le Commerce et l’Industrie.
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