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Festival de Carthage: ‘‘Lemdina’’, «biographie nostalgique» de la musique tunisienne

Amel Alouane.

L’opérette ‘‘Lemdina’’ sur le thème de 100 ans de musique tunisienne passera en première sur la scène de Carthage le 17 juillet 2017.

Par Hassen Mzoughi

Produit par Nafaa Allani, mis en scène par Amel Alouane, avec Nasreddine Haddad au son, Mohamed Gritli à la distribution et une spécialiste russe chorégraphie, ce spectacle est également programmé le 7 août au festival de Bizerte, en attendant d’autres propositions.

Au commencement fut la Rachidia

‘‘Lemdina’’ (la Médina) propose une «biographie nostalgique» de la chanson tunisienne citadine, avec l’intégration de différents tableaux illustrant la belle époque, dans une ambiance typique où sont mêlés chant, musique, danse et jeu théâtral.

Nafaa Allani et son épouse Amel Alouane ont fait une course marathon pour la réalisation de ce projet, «passé par cinq ministres des Affaires culturelles», disent-ils. Le projet, né il y a cinq ans, a finalement été présenté l’année dernière en avant-première.

‘‘Lemdina’’ brasse en 90 minutes une longue époque de la musique tunisienne. A commencer par la période du début du 20e siècle jusqu’au grand tournant de la musique authentiquement tunisienne: la fondation de la troupe de la Rachidia en 1934, par une élite d’intellectuels, hommes politiques, écrivains et artistes, dont Mustapha Sfar, Hassiba Rochdi, Mohamed Triki, Bahi Ladgham et Khemaies Tarnane.

Il va sans dire que Nafaa Allani a puisé à volonté dans l’immense répertoire de cette institution emblématique qui a vu le passage de tous le noms qui comptent de la musique et de la chanson tunisiennes, de Saliha à Zied Gharsa.

Apport décisif de la communauté juive

Le spectacle implique aussi les apports des communautés étrangères, notamment juive, avec les Habiba Msika ou Raoul Journo.

Nafaa Allani a opté pour des chansons inédites de chanteurs juifs, dont plusieurs ont quitté la Tunisie dans les années 60, emportant leurs créations. Il nous en propose quelques perles.

Dans les années 30, la chanson judéo-arabe connaît dans le pays une certaine floraison grâce à des artistes issus de la communauté juive. Les plus grands chanteurs prennent alors des pseudonymes à consonance arabe, ainsi Isserène Israel Rozio deviendra Cheïkh El Afrit, Elie Touitou sera El Kahlaoui Tounsi. Et comme le chant est interdit aux musulmanes, les plus grandes chanteuses seront souvent juives, à l’instar de Louisa Tounsia, Fritna Darmon, Leyla Sfez ou encore la célèbre Habiba Msika, née Marguerite Msika, au tragique destin, puisqu’elle mourut brûlée par son amant.

Le spectacle fait également la part belle à l’impact de la première radio tunisienne. Créée en 1938, celle-ci connaît un succès populaire immédiat et assure la présence régulière des chanteurs tunisiens avec trois à quatre concerts diffusés chaque jour. Cela a permis à beaucoup d’artistes de se faire connaître à travers le pays.

‘‘Lemdina’’ puise dans ce patrimoine. Comme aussi à la TV tunisienne, la boîte magique, qui a encore boosté les différents genres de création en lançant des générations de chanteurs, de musiciens et autres créateurs.

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