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La Marsa redit non à la corruption

Les habitants de La Marsa sont descendus dans la rue pour protester contre la corruption et envoyer un message de soutien à Youssef Chahed dans sa guerre contre ce fléau.

Par Dr Karim Abdessalem

Dans la soirée du vendredi 23 juin 2017, des citoyens de La Marsa se sont rassemblés devant le centre commercial Le Zéphir pour manifester leur ras-le-bol des constructions anarchiques d’envergure qui prolifèrent et défigurent la ville dans l’indifférence totale des autorités locales voir avec leur implication.

Le rassemblement organisé par des acteurs de la société civile, avec à leur tête l’Association des amis de La Marsa, avait pour objectif de mettre sous le feu des projecteurs médiatiques la corruption qui sévit dans le pays. Cette action intitulée «La Marsa redit non à la corruption» s’inscrit dans la droite ligne de la compagne gouvernementale de lutte contre ce cancer.

La corruption prospère dans l’impunité

L’une des raisons de la colère des citoyens est un bâtiment qui continue insidieusement à pousser, comme par lui-même, sur une zone verte située à l’entrée de la commune. Cette espèce de bunker se construit au vue et au su de tout le monde, malgré un ordre de démolition qui date de 2012. L’incapacité de l’Etat à faire appliquer la loi n’est un secret pour personne; elle témoigne de la corruption qui gangrène son administration.

L’Ong basée en Allemagne Transparency International est spécialisée dans l’évaluation du niveau de la corruption. Elle mène des enquêtes d’opinion auprès d’acteurs de la vie économique opérant dans différents pays et publie chaque année un indice de perception de la corruption (IPC). Plus le score est faible plus le pays est perçu corrompu. Le score va de zéro à 100. Les notes les plus élevées vont aux pays où les lois nationales encadrent strictement le comportement public des dirigeants. À l’inverse, une mauvaise note est le signe d’une faible gouvernance, d’un manque d’indépendance des médias et de l’absence de sanctions en cas de corruption.

En 2015, la Tunisie, avec un score de 38, s’est positionnée au 76e rang sur les 168 pays présentés. Notre score a régressé par rapport à 2012, passant de 41 à 38. Et notre classement a suivi cette mauvaise pente.

La définition de la corruption est simple : c’est le fait d’utiliser sa position de responsable d’un service public à son bénéfice personnel. On peut distinguer la petite et la grande corruption.

La petite corruption est une pratique plus ou moins visible à laquelle nous sommes confrontés au quotidien. Elle touche tous les secteurs. C’est le coup de pouce donné par le corrompu moyennant l’attribution d’un cadeau ou, tout simplement, en échange d’un service rendu, pour faire avancer un dossier, échapper à une amende, accélérer les prestations d’un service publique, obtenir une mutation ou encore par exemple bâtir un local dans l’illégalité.

Un bunker continue de se construire à l’entrée de la ville, malgré un ordre de démolition qui date de 2012.

Les agents créent en général volontairement ce besoin d’une «intervention» en ralentissant le traitement des dossiers et en compliquant les procédures face aux récalcitrants. Le manque de contrôle hiérarchique et parfois l’immunité syndicale facilitent ces dérives.

La grande corruption concerne la classe dirigeante et affecte l’appareil d’État dans son ensemble. Elle intervient de manière confidentielle lors des négociations de haut niveau, et est relativement peu connue du grand public. Les montages juridiques et financiers bien huilés qui entourent l’activité frauduleuse rendent l’ensemble incompréhensible et l’établissement de preuves difficiles, d’autant plus que des pare-feu sont systématiquement installés à des fins de protection. Pour ce faire, les fonctionnaires de premier niveau sont utilisés pour couvrir les opérations douteuses et saboter les investigations.

Des hommes politiques malhonnêtes

Ainsi, la corruption est parfois imposée à la personne corrompue par les personnes au pouvoir ou influentes. Confortés dans leur comportement par un sentiment d’impunité et voyant en l’Etat une source de profits personnels, corrompus et corrupteurs s’engagent dans une dynamique d’accumulation de richesses en se souciant peu de l’intérêt général.

Les conséquences de la corruption sont innombrables : difficulté d’accès au service publique, spoliation des deniers publics, augmentation des inégalités, atteinte à l’environnement, entre autres, mais aussi, en donnant l’image de l’homme politique malhonnête, augmentation des comportements déviants des citoyens.

Bref, l’effet inhibiteur de la corruption sur le développement est trop évident. Il est devenu un facteur de mobilisation pour de nombreux Tunisiens, non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi dans l’espace public.

Les Marsois sont donc descendus dans la rue pour protester contre ce mal envoyant au chef du gouvernement Youssef Chahed un message clair de soutien dans la guerre qu’il a lancé contre la corruption et où, faute de soutien politique réel, il a besoin d’un soutien populaire citoyen.

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