Dans son 30e rapport, la Cour des Comptes a mis en évidence l’état de faillite de la Société nationale de transports interurbains (SNTRI).
Par Hassen Mzoughi
Cette société publique accuse, en effet, des pertes colossales au terme de l’année 2013, estimées à 37 millions de dinars tunisiens (MDT), soit 4 fois son capital.
La Cour des Comptes a souligné dans son rapport la dégradation continue des revenus de la SNTRI, qui ne couvraient, en 2014, que 72% des charges de l’entreprise.
Le taux de disponibilité des bus est estimé en 2015 à seulement 50% ce qui a conduit à l’annulation régulière de voyages (4.719 annulations en 2015) et donc à des manques à gagner importants.
11.491 jours de panne en 2015
Les bus immobilisés pour cause de panne ont atteints l’équivalent de 11.491 jours en 2015 contre 11.032 en 2014.
Le rapport a également relevé l’impossibilité de retracer les consommations de carburant ce qui n’a pas permis de découvrir les possibles détournements.
La Cour des Comptes a également souligné l’absence de contrôle interne efficace pouvant permettre de faire face à des décisions unilatérales des chauffeurs de modifier les itinéraires et de l’absence de sanctions à l’encontre des receveurs indélicats.
Il faut dire aussi que la resquille s’est largement répandue dans tous les moyens de transports publics depuis 2011, aggravant ainsi le déficit.
Rôle social, rôle économique
La situation financière des entreprises publiques comme la SNTRI était déjà difficile avant le 14 janvier, elle a empiré de façon alarmante depuis. Sureffectifs, recrutements massifs, erreurs de gestion, accumulation des pertes et de l’endettement bancaire, retards et insuffisances des subventions, vieillissement des outils d’exploitation.
Retards, annulations, pannes, chauffeurs lunatiques, receveurs indélicats, vieillissement des bus…
Le rôle social prend le dessus sur le rôle économique, les motifs ne manquent pas, structurels et conjoncturels. Ce qui fait défaut, c’est la stratégie de thérapie et les solutions à court et à long termes.
Pour l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la centrale syndicale, le transport en commun est un secteur à vocation sociale, destiné à offrir de l’emploi, avant d’être un secteur économique appelé à rentabiliser son activité.
Les conseils d’administration doivent assumer
Dans les entreprises publiques, les conseils d’administration n’assument pas leur rôle alors que juridiquement ils sont aussi responsables que les Pdg. Ce sont en fait des fonctionnaires qui sont désignés par leurs administrations respectives pour approuver ce que propose le Pdg lorsque celui-ci veut bien les consulter.
Les administrateurs changent souvent, ne reçoivent que tardivement sinon pas du tout l’ordre du jour ou les documents sur lesquels il faut statuer, ne discutent pas les bilans ou documents comptables lorsqu’ils sont habilités à les lire ou à les discuter.
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