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La république tunisienne, l’économie et l’espoir

La crise n’est pas une fatalité, l’espoir est encore permis et le sauvetage de l’économie demeure possible.

Par Ezzeddine Saïdane *

Si je devais résumer l’économie par un mot, un seul, je dirais l’espoir. L’économie est sans doute une traduction de l’espoir. Lorsque l’agriculteur sème ou plante, il exprime l’espoir d’obtenir une bonne récolte. Lorsque l’industriel investit dans un nouveau projet, il exprime l’espoir de réaliser un profit et d’élargir son entreprise. Lorsqu’un élève va à l’école, lui et ses parents expriment l’espoir de réussir ses études et de réussir dans la vie.

Le grand économiste américain Paul Krugman a dit un jour que «la capacité d’un pays à améliorer son niveau de vie à terme dépend presque entièrement de sa capacité à accroître la production par travailleur».

Il faut se rendre à l’évidence que la production par travailleur en Tunisie est en train de régresser, depuis 2011 sans doute, mais même avant.

La productivité du facteur travail, mais aussi celle des autres facteurs, est en train de baisser. Les Tunisiens, ceux qui le peuvent au moins, abandonnement les activités productives et s’installent dans des situations de rente. Un nombre croissant de Tunisiens quittent ce qui a été convenu d’appeler la classe moyenne, un important facteur de stabilité, pour rejoindre la classe pauvre.

Les fondamentaux de l’économie se détériorent. Je ne veux pas vous encombrer de chiffres, mais j’en citerai un, et un seul. Le montant de la dette extérieure supportée par chaque Tunisien est passé de 2.835 dinars tunisiens (DT) au premier trimestre de 2010 à 5.996 DT au premier trimestre de 2017, alors que l’économie a cessé de créer de la croissance, des emplois et des richesses. Plus qu’un doublement en quelques années.

L’économie de la république a été mal gérée depuis 2005-2006. Elle a été très mal gérée depuis 2011. Certains moteurs de la croissance sont en train de s’arrêter. Certaines lumières de la république sont en train de s’éteindre. Le niveau d’espoir est en train de baisser.

Nous avons sans doute fait de mauvais choix politiques, économiques et sociaux. Mais la république doit vivre et prospérer et ses lumières doivent être rallumées. Elle a besoin pour cela d’un projet, d’une vision. La Tunisie a besoin de mettre un terme à la confusion politique qui règne. Elle a besoin d’élaborer un projet de société à partir d’une vision claire de l’avenir qu’elle veut se donner.

Malgré tous les dégâts enregistrés, le sauvetage de l’économie demeure possible. Il y a trois étapes importantes à envisager :

1- la première, qui est un passage obligé, consiste à faire un vrai diagnostic de la situation économique et financière du pays. Ce diagnostic doit être signé par l’ensemble des partenaires politiques, économique et sociaux, les signataires du «document de Carthage» par exemple;

2- le diagnostic doit permettre d’élaborer un PAS (plan d’ajustement structurel), c’est-à-dire une véritable stratégie de sauvetage, dont l’implémentation nécessiterait entre 18 et 24 mois;

3- l’exécution du PAS devrait déboucher sur les réformes structurelles profondes qui constitueraient les bases d’un nouveau modèle de développement économique et social.

L’espoir doit renaître, l’espoir doit rester permis, l’espoir doit remonter.

Vive la Tunisie, vive la république**.

* Expert financier, Directway Consulting.

** Texte écrit à l’occasion de la fête de la république, le 25 juillet 2017, et publié sur la page Facebook de l’auteur.

 

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