Accueil » Tunis a-t-il vraiment besoin d’un nouvel aéroport ?

Tunis a-t-il vraiment besoin d’un nouvel aéroport ?

Au lieu d’assurer une meilleure exploitation de l’aéroport de Tunisie-Carthage, le ministre du Transport voudrait construire un autre du côté d’Utique. Aberrant !

Par Chokri Mamoghli *

Le ministère du Transport nous sort une aberration, encore une. Un nouvel aéroport à Tunis, alors que le pays croule sous les dettes et que l’actuel aéroport de Tunis-Carthage est très loin d’être saturé.

Les pistes sont sous-exploitées, l’aéroport est quasiment vide à partir de 21 heures et il existe une réserve foncière assez importante pour bâtir de nouveaux parkings, notamment à étages. Et des possibilités de construction de nouvelles salles d’embarquement existent à droite et à gauche de l’actuel hall central.

L’emplacement de l’aéroport est idéal et il suffit de regarder sur une carte celui de l’aéroport Ronald Reagan à Washington ou celui de Hong-Kong, tous les deux en plein centre-ville, pour s’en convaincre.

En cas d’évacuation, celle-ci ne sera jamais totale car il ne faut pas oublier qu’une partie du terrain est militaire et qu’une autre est réservée au protocole présidentiel. A moins que notre auguste ministre du Transport envisage de construire, aussi, une nouvelle base aérienne.

Cette affaire est pourrie. Elle semble être initiée par la mafia de la spéculation immobilière en mal de réserves foncières. Le ministre compte, en effet, vendre le terrain de l’actuel aéroport aux promoteurs immobiliers.

La perspective de gigantesques appels d’offres à coup de centaines de millions de dinars… ne doit pas être étrangère, non plus, à cette idée de fou.

Ce projet ne tient pas compte non plus de la saturation de cette zone. Soukra, Laouina, Bhar Lazreg, Chotrana… en termes de densité de la population et de saturation des équipements collectifs: routes, réseaux d’assainissement et d’adduction d’eau, écoles, lycées… Faut-il également tout revoir?

Non messieurs. Vous avez tout faux. Occupez vous plutôt de restructurer les sociétés publiques de transport, qui croulent toutes sous les dettes et sont très mal gérées (Tunisair, la SNCFT, la Transtu, SNTRI…). Achevez le Réseau ferroviaire rapide de Tunis (RFR), dont la réalisation prend du retard, et oubliez vos rêves de fausse grandeur, sans queue ni tête.

* Docteur en finance, enseignant à l’Université Paris-Dauphine et ancien secrétaire d’État auprès du ministre du Commerce et de l’Artisanat.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.