Près de 10 mois après l’attentat de de Berlin, attribué au Tunisien Anis Amri, de sérieux «échecs» de la police allemande ont été révélés. Le drame aurait pu être évité.
‘‘Deutsche Welle’’ a rapporté, hier jeudi 12 octobre 2017, qu’un enquêteur spécial a estimé qu’il était «fort probable» qu’Anis Amri, le ressortissant tunisien soupçonné d’avoir perpétré l’attaque terroriste du 19 décembre 2016, à Berlin, aurait pu être arrêté par les autorités allemandes en été ou en automne de l’an dernier – c’est-à-dire plusieurs mois avant l’attentat au camion-bélier qui a coûté la vie à 12 personnes et blessé plus d’une cinquantaine – et déporté…
Bruno Jost, un ancien procureur général désigné par une commission parlementaire de la capitale fédérale allemande pour mener une enquête, a présenté, hier, les résultats de ses investigations.
L’enquête de Jost, qui a duré plus de six mois, a révélé de nombreuses défaillances des services sécuritaires allemands, notamment dans la surveillance, l’arrestation du suspect et le traitement du dossier de ce dernier.
Plusieurs mois avant l’attaque, Anis Amri, ressortissant tunisien qui était fiché et figuré sur la liste des demandeurs d’asile à expulser, a été arrêté à Friedrichshafen, ville du sud-ouest du pays, pendant deux jours.
Cependant, note l’enquêteur indépendant, «les autorités gouvernementales de Berlin et de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie n’ont pas pris la peine de se déplacer pour interroger cet homme qui représentait une menace pour la sécurité publique.» Le procureur Bruno Jost ajoute, lors de sa rencontre avec les médias hier à Berlin : «Je ne sais pas si cette rencontre aurait pu à coup sûr mener à l’extradition de Amri et épargner à l’Allemagne ce drame, mais je pense qu’il y avait une chance à saisir et elle n’a pas été saisie.»
L’enquêteur fait également remarquer que, bien que les renseignements obtenus par la police allemande sur la radicalisation d’Anis Amri n’auraient pas pu suffire pour valoir au ressortissant tunisien une arrestation, il y avait assez de preuves pour le maintenir en détention pour trafic de drogue ou pour enquêter sur des accusations relatives à son emploi de documents contrefaits.
Amri a été placé sous surveillance par les autorités de Berlin et cette mise sous observation, qui devait se poursuivre durant six mois, d’avril à octobre 2016, a été suspendue au bout de six semaines: «Je n’arrive pas à comprendre qu’une telle décision de suspension ait été prise», s’étonne Bruno Jost.
Pire encore, l’enquêteur indépendant a également indiqué qu’il détient des preuves solides que le dossier de l’assaillant présumé a été «manipulé», de façon à couvrir certains manques de sérieux de la police allemande, qui aurait pu arrêter Anis Amri et entamer la procédure de son extradition plus tôt…
Encore une autre défaillance du système sécuritaire allemand: les autorités policières et judiciaires avaient en leur possession les empreintes de mains d’Anis Amri depuis juillet 2015, mais ça n’est qu’en août 2016 qu’elles ont réalisé qu’elles avaient besoin de ces données pour expulser le ressortissant tunisien, dont la demande d’asile a été refusée.
Bref, la tragédie de Berlin aurait pu être évitée si certaines précautions avaient été prises par les autorités allemandes, conclut Bruno Jost.
Marwan Chahla
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