La décentralisation sera à l’ordre du jour des débats lors des 32e Journées de l’Entreprise (JE) qui auront lieu, les 8 et 9 décembre 2017, à Sousse.
Par Zohra Abid
Les organisateurs annoncent la présence de quelque 1000 participants venant de 14 pays, dont de nombreuses personnalités connues du monde économique, issues des secteurs public et privé, à ce forum qui portera sur les défis, les enjeux et les opportunités de la décentralisation de l’entreprise. Et dont les travaux se tiendront à l’hôtel Sousse Palace, qui vient de faire peau neuve et dont la salle de conférence est conçue pour contenir un aussi grand nombre de gens, sachant que l’hébergement et la restauration seront assurés notamment par l’hôtel Mövenpick.
Un thème inspiré par la conjoncture
Le thème de la décentralisation est au cœur du débat politique et économique en Tunisie, qui souffre d’un déséquilibre structurel de développement entre les centres économiques situés sur le littoral (Tunis, Nabeul, Sousse, Sfax…) et les régions intérieures, enregistrant un grand retard à tous les niveaux, et notamment celui des infrastructures, ce qui n’encourage pas les entreprises à y investir.
Présentant cette 32e édition des Journées de l’Entreprise, Ahmed Bouzguenda, président de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), organisateur de cette grande joute, au cours d’une conférence de presse, mercredi 29 novembre, a indiqué que ce thème répond aux défis lancés par la conjoncture actuelle en Tunisie et dans la région où les écarts de développement provoquent souvent des mouvements sociaux.
Parmi les invités de cette édition, qui sera ouverte par le chef du gouvernement Youssef Chahed, en présence de plusieurs membres de son gouvernement, il y aura plusieurs personnalités du monde politique, économique et entrepreneurial, du nord et du sud de la Méditerranée. Parmi ces invités, Bertrand Delanoë, ancien maire de Paris, qui va «parler à double titre : en sa qualité de Tunisien d’origine attaché à son pays natal, et en tant qu’acteur de l’expérience de la décentralisation lancée en France par les socialistes sous la présidence de Mitterrand, dans les années 1980», a expliqué M. Bouzguenda.
Un nouvel environnement s’impose
Ahmed Maïteeg, vice-Premier ministre libyen prendra part, lui aussi, aux 32e JE. «Nous avons des marchés traditionnels en Europe et en Afrique, mais aussi, et surtout, dans la Libye voisine. Nous suivons l’évolution de la situation dans ce pays et nous nous préparons à la phase post-conflit. Les responsables politiques libyens sont d’ailleurs déjà en train de travailler sur la décentralisation», a encore expliqué le président de l’IACE.
Autres invités de marque, Muriel Targnion, maire de Verviers en Belgique, et Robert Gallardo, ancien ministre de la Planification et des Politiques économiques du Costa Rica, qui parleront, eux aussi, des expériences de décentralisation dans leurs pays respectifs, a ajouté Majdi Hassan, directeur exécutif de l’IACE. «La décentralisation, on le sait, suscite autant d’intérêt que controverses», a-t-il ajouté.
De gauche à droite: Majdi Hassen et Ahmed Bouzguenda.
La responsabilité des autorités locales
Pour cette édition, un peu spéciale, qui précède les premières élections locales de la seconde république (prévues en mars 2018), il est important de se focaliser sur les régions frontalières, qui ont une économie particulière, pour donner plus de liberté aux responsables locaux dans la gestion de leurs relations avec leurs voisins immédiats au-delà des frontières, a poursuivi M. Hassan.
L’un des 6 panels programmés durant les 2 journées de travaux, on a prévu un débat sur le développement régional, le pouvoir des collectivités locales et la stratégie de décentralisation à mettre en route, qui assurera une meilleure gestion des besoins des populations sans pour autant affaiblir le pouvoir de l’Etat. «L’écosystème décentralisé doit être favorable à l’investissement, la création d’emplois et l’accroissement de la valeur ajoutée des entreprises», a encore souligné M. Hassan.
Un autre panel se penchera sur le dialogue social, impliquant l’UGTT, la centrale syndicale, et l’Utica, la centrale patronale, chacun selon ses missions, qui vont réfléchir ensemble sur le rôle de la décentralisation dans l’amélioration de l’environnement des affaires.
La question de la lutte contre la corruption, dont le chef de gouvernement fait l’une de ses priorités, sera également au centre des débats. Les panélistes examineront les mécanismes et les outils à mettre en place pour y faire face efficacement.
Décentralisation et appel des régions
Puisqu’on parle de décentralisation, pourquoi ne pas avoir changé l’endroit où se tiennent les JE? Réponse de M. Bouzguenda : «On y pense depuis 3 ans. D’ailleurs, plus de 60% des répondants au questionnaire soumis l’an dernier aux participants ont demandé le changement du lieu de ces journées. Pourquoi pas ! On peut les déplacer à Hammamet, Tozeur, Tabarka ou Djerba, mais à chaque fois, il y a le pour et le contre, et nous avons relevé quelques difficultés au moins pour cette année».
Pour cette année, les JE resteront donc à Sousse, où la logistique se prête à l’accueil d’un événement d’une telle ampleur, en plus de la position géographique de cette ville, au centre du pays, qui s’y prête tout naturellement, poursuit le président de l’IACE.
M. Bouzguenda n’a pas omis, en conclusion, de remercier les sponsors historiques de cet événement, à savoir la BNA, Llyod, Vivo Energy, Microsoft et Tunisie Telecom. L’opérateur va d’ailleurs contribuer à la publication, pendant ces journées, de 2 indices, dont un relatif à la «digitalisation régionale».
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