Les dirigeants politiques qui sont en train de jeter de l’huile sur le feu des protestations sociales sont des irresponsables, des fous ou des suicidaires. Et pour cause…
Par Ridha Kéfi
En effet, la situation économique et sociale est ce qu’elle est et elle est connue de tous et de toutes. Elle est la conséquence de 7 années d’instabilité politique et de choix économiques discutables, souvent pris par des gouvernements éphémères, sous la pression des protestations sociales et souvent le couteau sous la gorge. Et il faut être présomptueux pour prétendre posséder, aujourd’hui, la solution miracle aux problèmes du chômage, de l’inflation et de la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen.
Personne ne détient des solutions miracles
La situation difficile, qui prévaut actuellement en Tunisie, requiert de toutes les parties et surtout des dirigeants politiques une tête froide, beaucoup d’humilité, une forte dose d’abnégation au service de la collectivité et, surtout, un sens du sacrifice. Car des sacrifices, nous devons tous en faire, nous autres Tunisiens, toutes catégories sociales confondues. Et pour cause, nous sommes tous pris, aujourd’hui, au milieu du gué et espérons arriver, sains et saufs et avec les moindres dégâts, à l’autre rive, celle du retour de la croissance et d’une relative prospérité.
Cette rive, que nous entrevoyons au milieu des tempêtes et des courants hostiles, risque justement de s’éloigner irrémédiablement si les partis de l’extrême gauche et de l’extrême droite, souvent unis pour le pire, continuent à allumer le feu de la discorde et à donner aux jeunes chômeurs et désœuvrés, qui sortent manifester chaque nuit, de vaines promesses et de faux espoirs.
En effet, ni Hamma Hammami, ni Moncef Marzouki, ni les autres illuminés qui ont prospéré à la faveur de la révolution de janvier 2011, ne possèdent de solutions clé en main ni de baguette magique pour transformer, radicalement et rapidement, la situation difficile dans le pays.
Ce bus saccagé est un bien public qui appartient à toute la communauté.
Aussi seraient-ils mieux inspirés d’oublier un peu leurs folles ambitions politiques (car le pouvoir n’est pas à prendre), de contribuer à calmer les esprits, à rétablir la confiance dans les cœurs. Ce n’est qu’ainsi que le pays pourrait se remettre au travail, relancer son économie, attirer les investissements et créer des emplois dont nos enfants, nos frères et nos sœurs ont besoin pour améliorer un tant soit peu leur train quotidien.
Au bord du précipice
Les surenchères extrémistes, qu’elles soient de gauche ou de droite, auraient pour conséquence de plonger le pays dans un nouveau cycle de violence et d’instabilité, dont nous voyons déjà les prémices, avec les saccages des magasins, des agences de banques, des recettes fiscales et autres bâtiments publics dans les banlieues de Tunis et les villes intérieures.
Nous en voyons aussi les prémices dans les récents mouvements des groupes extrémistes armés, qui, à la faveur des derniers désordres, commencent à descendre des montagnes, où ils étaient confinés jusque-là, à infiltrer les foules des protestataires et à s’attaquer violemment aux forces sécuritaires et militaires.
Depuis la révolution de janvier 2011, que ses enfants ont déclenché, la Tunisie a réussi, jusque-là, à marcher au bord du précipice, tout en évitant soigneusement la chute. Évitons lui le sort peu enviable des autres pays du «Printemps arabe» qui ont sombré dans la guerre civile, le feu et le sang.
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