Les populations rurales qui ne payent pas la facture de la Sonede pour l’eau utilisée dans l’irrigation sont-elles vraiment à blâmer ?
La dernière «trouvaille» du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche : annoncer dès le mois de janvier et à 6 mois de la période estivale, synonyme de soif pour des dizaines de milliers de Tunisiens de l’arrière pays, qu’à défaut de crédits budgétaires conséquents, il ne peut pas honorer tous les engagements qu’il avait pris pour alimenter en eau potable des zones rurales enclavées.
Dans une note d’information publiée le samedi 27 janvier 2018 et que seuls des gens avertis peuvent lire, le message est des plus clairs : le département de tutelle ne peut rien faire parce que le parlement n’a pas voté pour l’enveloppe budgétaire demandée.
En fait, une lecture en filigrane de cette note révèle que le principal motif qui a poussé le ministère de l’Agriculture à la rendre publique est de pousser les communautés concernées à mettre la main à la poche et à s’acquitter de leurs dettes auprès de la Société nationale d’exploitation et de distribution de l’eau (Sonede) et de la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg).
Toujours selon le ministère de l’Agriculture, sur un total de 163 associations d’intérêts collectifs (groupements chargés de la gestion collective de l’eau d’irrigation), quelque 86 sont endettées auprès de la Sonede. Le nombre des associations endettées auprès de la Steg qui assure le pompage électrifié des puits est encore plus important. Sur un total de 276 associations, 106 ne sont pas en règle.
Faut-il rappeler aux gestionnaires de ce ministère, qui s’est forgé la sinistre la réputation de ne rien réussir, ni l’abondance ni la pénurie, et surtout de ne pas nourrir correctement la population du pays, que le coût de la mauvaise gouvernance de l’eau et des mauvais choix pris dans ce domaine au fil des ans est de loin supérieur à la dette des populations rurales ?
Faut-il lui rappeler également que l’alimentation en eau potable, tout autant que l’accès à l’électricité et à l’assainissement, ne doivent plus être retenus, après le soulèvement du 14 janvier 2011, comme étant des indicateurs de développement (comme les cadres de ce ministère s’évertuaient à le faire au temps de Bourguiba et de Ben Ali), mais de simples exigences de service public et un devoir moral de l’Etat envers ses administrés?
Khémaies Krimi
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