Ferjani Sassi, Fakhreddine Ben Youssef, Mohamed Amine Ben Amor, Aymen Mathlouthi, Hichem Essifi
Les joueurs tunisiens ont particulièrement animé le mercato saoudien, arrivant en tête des recrues au cours de cet hiver, suivis des Algériens et des Egyptiens.
Par Hassen Mzoughi
Sur les 18 joueurs recrutés par les clubs saoudiens lors de ce mercato hivernal, les Tunisiens tiennent le haut de l’affiche avec 5 arrivées.
L’Etoile sportive du Sahel (ESS) a laissé partir ses deux internationaux, le milieu de terrain Mohamed Amine Ben Amor et le gardien de but Aymen Mathlouthi respectivement pour Al Ahli Jeddah et Nadi Al Batin. Le premier pour un prêt de 6 mois et le second en tant que joueur libre après résiliation de contrat.
Deux joueurs de l’Espérance sportive de Tunis (EST) ont également choisi l’Arabie saoudite. Le milieu de terrain défensif Ferjani Sassi s’est engagé pour 3 saisons et demie avec Al-Nasr Riyad, 3e du championnat saoudien, pour un salaire mensuel de 200.000 dinars tunisiens, DT (il rapportera 2 millions d’euros à son club), alors que l’attaquant Fakhreddine Ben Youssef portera le maillot d’Al Faisaly pour 200.000 DT de salaire mensuel, après avoir renoncé à 5 mois de salaire. Enfin l’attaquant de l’Union sportive de Monastir (USM) Hichem Essifi jouera à Nadi Ohod en prêt jusqu’à la fin de la saison.
Destination à la mode en ce moment pour les Tunisiens, le championnat saoudien a déjà accueilli en début de cette saison 2017-2018, le gardien de but international Farouk Ben Mustapha (Al Shabab FC) et le défenseur Mohamed Ali Yaacoubi (Al Fateh SC), sans oublier Ahmed Akaichi arrivé depuis la saison dernière à Nadi Al Ittihad.
En tout, une quinzaine de Tunisiens militent en divisions 1 et 2 saoudiennes.
Les Algériens et les Egyptiens ne sont pas en reste. Ils sont 4 joueurs de chaque nationalité à avoir choisi l’Arabie Saoudite lors du dernier mercato clôturé acant-hier, lundi 30 janvier 2018.
Mohamed Belaouidet et Nasreddine Khoualed ont rejoint Hichem Essifi à Nadi Ohod, Brahim Chenihi, l’ex-latéral droit du Club africain (CA), a signé pour un an et demi avec Al Fateh SC, tandis que le gardien Raïs M’Bolhi a opté pour Al Ettifaq.
Les Egyptiens Momen Zakaria, Emad Moteab, Ahmed El Sheikh et Ahmed Atwa ont atterri respectivement à Al Ahli Jeddah, Al Taawon , Al Ettifaq et Al Raed.
L’Arabie saoudite veut contrer le Qatar
Le choix de jouer en Arabie saoudite est expliqué par le gain facile ou, pour être plus explicite, par les offres alléchantes que les Tunisiens ne peuvent pas refuser. Car, là, il faut bien le reconnaître, il n’y a que l’argent qui les intéresse.
Jouer dans les pays du Golfe, pour tous les joueurs, ce n’est pas du tout pour s’améliorer, mais juste pour se faire de l’argent. Sinon comment expliquer l’intérêt pour cette destination ?
Le contexte s’y prête aussi. Le foot saoudien s’ouvre davantage aux étrangers. Créé en 1975, réputé comme une compétition pour futurs retraités, le championnat d’Arabie saoudite vient d’augmenter de 50% les quotas de joueurs étrangers dans les effectifs des quatorze équipes de la Ligue 1. Ces quotas de joueurs extracommunautaires passent de 4 à 6 par équipe. En plus de l’autorisation désormais offerte aux clubs de recruter aussi des gardiens.
Cette décision d’élargir les quotas, entrée en vigueur en août dernier, est motivée (officiellement) par une volonté de développer le sport dans le royaume, à la suite de l’important plan de changement social et économique annoncé en 2016. Mais les Saoudiens ont désormais l’intention de contrer le Qatar sur son terrain : celui du sport. Sur fond de rivalité politico stratégique dans la région du Golfe, de plus en plus vive entre les deux pays.
Une visibilité à l’international
Les Saoudiens veulent emboîter le pas aux Qataris et faire du sport un moyen de diversité économique et de visibilité à l’international.
Depuis une vingtaine d’années et le doublement de la production de pétrole du pays, le Qatar utilise le sport pour se faire connaître dans le monde entier. L’organisation d’événements sportifs mondiaux, le rachat de clubs, ou la création d’instruments de communication pour montrer sa vitalité à l’international, en sont des exemples concrets. A cette époque, le cheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani décide de promouvoir le pays comme le premier centre de sport au monde.
En avril 2016, l’Arabie saoudite, sous l’impulsion du vice-prince héritier Mohammed Ben Salmane a lancé un plan de réformes, «Vision 2030», pour diversifier l’économie du pays qui dépend à plus de 70% du pétrole. Il devrait transformer le royaume en puissance d’échelon mondial dans le domaine des investissements et l’affranchir de sa dépendance de l’or noir. Les investissements deviendront la source principale de revenu du gouvernement saoudien.
Les Saoudiens ciblent les méga-infrastructures tel le projet d’une ville trois fois plus grande que Paris, située au sud-ouest de la capitale Ryad, qui sera «la plus grande ville culturelle, sportive et de divertissement au royaume».
Tout en faisant venir les meilleurs joueurs africains et sud américains, en consolidant les structures et les budgets des clubs grâce à un fonds spécial, en invitant les grands clubs européens et sud américains à se produire dans le royaume, en organisant des compétitions mondiales, le gouvernement cherche à développer des partenariats avec des fédérations européennes.
Accord de partenariat avec la Liga
La Fédération saoudienne de football a signé un accord de partenariat avec la Ligue espagnole (LFP), à 5 mois du début de la Coupe du monde en Russie, à laquelle participera à l’Arabie saoudite. Six joueurs saoudiens ont été prêtés simultanément à différents clubs espagnols, 3 en première et 3 en deuxième division.
En première division, à Villareal, c’est l’ailier international Salem Al-Dossari qui a été prêté jusqu’à la fin de la saison. À Leganés, on trouve le milieu offensif gaucher Yahya Al-Shehri. Et à Levante, l’attaquant Fahad Al-Muwallad arrive pour faire ses preuves.
En seconde division, 3 autres écuries – le Rayo Vallecano, le Sporting Gijon et Valladolid – ont eux aussi accueilli chacun un joueur sous forme de prêt en provenance d’Arabie saoudite. L’objectif annoncé étant à long terme de créer une nouvelle génération de footballeurs de haut niveau.
Ces opérations sont vues, du côté des clubs, comme des opportunités de gagner des parts de marché dans le monde arabe où la Liga est la plus suivie, alors que le syndicat des joueurs espagnols juge ce nouveau type de modèle d’affaires comme un business, sans plus.
La Fédération saoudienne de football élargira son partenariat à d’autres championnats par des investissements dans des académies de football et des clubs.
Et si les Saoudiens s’étaient intéressés plus tôt à ce genre de «business» au lieu d’investir un argent fou dans l’islamisme en Europe via la construction de mosquées et d’écoles religieuses ?
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