Le président de la république Béji Caid Essebsi a indiqué que les émeutes survenues récemment dans différentes régions de la Tunisie ne sont pas une révolution sociale.
Dans une interview en direct à la chaîne d’information française « CNews« aujourd’hui, jeudi 1er février 2018, le chef de l’Etat tunisien a indiqué que les manifestations violentes des Tunisiens, survenues au début de ce mois dans différentes régions du pays, sont «l’expression du mécontentement» des jeunes qui réclament un travail qu’ils n’ont pas eu depuis la révolution de janvier 2011.
«En Tunisie, nous sommes en train d’initier un processus démocratique, c’est-à-dire que les libertés de la presse, d’expression, de manifester sont respectées. Bien entendu, ça ne veut pas dire qu’on utilise cette liberté pour faire des casses», a indiqué M. Caid Essebsi en réponse aux questions de Jean-Pierre Elkabbach.
Interrogé sur la visite d’Etat de 2 jours en Tunisie du président Emmanuel Macron, le chef de l’Etat tunisien a indiqué que les relations entre les 2 pays ont toujours été excellentes même avant l’élection de l’actuel président de la France.
«Ça a toujours marché! D’abord, entre la France et la Tunisie puis entre moi-même et M. Macron. Ce n’est pas la première fois que je le rencontre. Avec cette visite d’Etat du président Macron, je pense que les relations entre la Tunisie et la France vont repartir à nouveau sur de nouvelles bases dans une perspective d’avenir», a précisé M. Caid Essebsi, ajoutant que la Tunisie a actuellement besoin de l’Europe.
En ce qui concerne la relation actuelle entre la Tunisie et le FMI, le président de la république a indiqué que le pays a toujours respecté ses engagements. «Je crois qu’on fait un faux procès au Fonds monétaire international (…) En Tunisie, on ne nous fait pas de pressions. Nous connaissons nos problèmes et nous savons que nous devons agir et lancer des réformes et qu’il faut avoir les moyens pour mener des changements», a-t-il lancé.
Le chef de l’Etat a, par ailleurs, indiqué qu’il n’était pas nécessaire de comparer son âge (91 ans) à celui du président Macron (40), qui est en train d’œuvrer à impulser des changements dans son pays. «Si vous posez la question de l’âge, moi-même je suis un homme d’avenir : j’incite les Tunisiens au travail et aux réformes», a-t-il lancé.
Interrogé s’il aura un héritier au pouvoir, par allusion à son fils Hafedh Caïd Essebsi, président du parti Nidaa Tounes, le président tunisien a estimé qu’il s’agit là d’un faux procès. «Je n’ai pas de ministre, de gouverneur ou de directeur d’administration dans ma famille. Ils sont en dehors de cela. On me demande souvent qui va m’hériter. Je réponds toujours que c’est la jeune génération. Mon fils fait de la politique comme tout le monde», a-t-il expliqué. Et au journaliste qui insistait pour savoir si Hafedh Caïd Essebsi sera le prochain président, le chef de l’Etat a répondu: «Celui qui me succédera devra être élu par une majorité de Tunisiens».
En d’autres termes, et si on a bien compris, le locataire du Palais de Carthage ne voit aucun inconvénient à ce que son fils lui succède. A condition qu’il soit élu. Ce qui, on l’imagine, peut toujours être envisagé, par exemple, dans le cadre d’une coalition entre Nidaa et Ennahdha.
M. Caid Essebsi a, par ailleurs, refusé de répondre à la question de savoir s’il compte lui-même se présenter pour un 2e mandat en 2019. Il a même été cassant, en qualifiant cette question de «mauvaise», en ajoutant : «Je n’y répondrais pas», avec une nervosité évidente.
E. B. A.
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