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‘‘Habbet Caramel’’ : Une comédie romantique tristement ratée

Le cinéma Le Colisée au centre-ville de Tunis a accueilli, dans la soirée du dimanche 11 février 2018, l’avant-première du film libanais ‘‘Habbet Caramel’’ d’Elie F. Habib.

Par Fawz Ben Ali

C’est dans une salle comble, et après environ une demi-heure d’attente, que l’équipe du film a fait son entrée sur scène. Entre bousculades, cris et applaudissements, l’hystérie s’est installée dans la reine des salles face à l’arrivée de l’acteur tunisien très populaire Dhafer El Abidine qui est la tête d’affiche du film, accompagné ce soir-là de l’actrice libanaise Maguy Bou Ghosn et du producteur Jamel Sinen.

Après son succès au petit écran, ‘‘Habbet Caramel’’ passe au grand écran dans un format de comédie romantique. Sorti en décembre dernier au Liban, le film doit sortir dans les salles tunisiennes à partir du 14 février.

Maguy Bou Ghosn et Dhafer El Abidine dans une comédie légère, très légère. 

Une overdose de clichés et de blagues rabâchées

On l’a connu essentiellement dans la série ramadanesque ‘‘Maktoub’’ dans le rôle de Dali, Dhafer El Abidine a depuis gardé cette image de beau-gosse séducteur qui lui colle désormais à la peau. D’ailleurs, pour ce premier rôle dans le cinéma libanais, il incarne le personnage d’un riche homme d’affaires égyptien adulé par toutes celles qui croisent son chemin.

‘‘Habbet Caramel’’ est l’histoire d’un couple : Raja (Dhafer El Abidine) et Maya (Maguy Bou Ghosn) qui sont beaux, riches et heureux. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où Raja s’associe à un escroc pour monter une clinique de chirurgie esthétique, et que Maya avale un caramel, créé à partir d’une formule magique de sa tante, qui lui donne le pouvoir surnaturel de lire dans les pensées des femmes. Avec ce nouveau don, elle découvre que toutes les femmes sont jalouses d’elle pour avoir conquis le riche et irrésistible Raja.

Dans le cinéma libanais, comme dans tout autre cinéma dans le monde, il y a d’un côté les films d’auteur qu’on a la chance de voir surtout lors des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), et puis il y a, d’un autre côté, le cinéma commercial dans lequel s’inscrit ‘‘Habbet Caramel’’ car, dès les premières minutes, on comprend qu’on a affaire à un film de divertissement.

Entre les effets fantastiques du caramel magique, les crises de jalousie de Maya et toutes ces femmes dont l’ultime ambition est d’avoir un visage et un corps de rêve, l’intrigue tourne en rond du début à la fin sans qu’aucun rebondissement ne vienne l’animer. Le spectateur est condamné à une overdose de clichés et de blagues rabâchées qui font que le scénario tourne forcément au ridicule.

À 360° de la réalité

Le couple est fabriqué de tous les poncifs possibles et imaginables, ainsi, tout dans la mise en scène, le scénario et les dialogues nous empêche de croire à cette romance où tout sonne faux. Le film a beaucoup de mal à se démarquer du flux des comédies romantiques arabes dont les premières cibles sont les adolescentes rêvant du prince charmant, car, il faut le dire, ce film, avec son jeu d’acteurs pauvre et souvent caricatural, est à 360° de la réalité.

Voulant par moment livrer un message positif pour que les femmes s’acceptent telles qu’elles sont et arrêtent avec cette fâcheuse tendance de tout refaire, le film reste tout de même dans le superflu, car le personnage féminin principal et sa copine qui prônent le naturel ne sont pas crédibles puisqu’elles-mêmes baignent dans l’artifice et incarnent l’image de la femme «impeccable» au corps svelte et au visage saupoudré d’infinies couches de maquillage.

Alors que le sujet de la chirurgie esthétique dans le monde arabe aurait pu être traité d’une manière beaucoup plus intéressante, ‘‘Habbet Caramel’’ s’est contenté d’être une romance anecdotique semblable à tant d’autres; dommage pour Dhafer El Abidine qui aurait dû choisir un meilleur rôle pour sa première apparition dans le cinéma libanais.

Le genre du film oblige, la fin est évidemment déchiffrable dès le début, tous les problèmes se règlent d’un coup comme par magie, et on aura même droit à une chorégraphie de la joie à la fin du film.

Après avoir vu dans nos salles des films comme ‘‘Woh !’’, ‘‘Lilia’’, ‘‘La sieste du corbeau’’ ou encore ce dernier ‘‘Habbet Caramel’’… on aurait envie de demander au groupement Goubantini : «N’a-t-on pas d’autres ambitions en distribuant un film que le nombre d’entrées?». Même si cela compte aussi, car il faut bien mettre du beurre dans les épinards, on peut toujours essayer de faire des entrées avec de bons films et non des navets.

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