Des parlementaires européens et des personnalités politiques internationales se mobilisent pour la libération des prisonniers des dernières manifestations en Iran.
Par Hamid Enayat *
La campagne pour la libération des manifestants arrêtés lors de la récente révolte populaires en Iran, prend de l’essor. Lors d’une conférence le 9 février 2018, à Paris, des dizaines parlementaires et personnalités politiques européens ont exprimé leurs inquiétudes concernant la répression qui s’est abattue sur la population en Iran et le sort des personnes arrêtées.
Au cours des manifestations déclenchées depuis le 28 décembre dernier et qui se sont poursuivies pour une dizaine de jours, au moins 50 personnes ont été tuées par les balles et, selon des sources, quelque 8000 personnes arrêtées, dont au moins 5000 confirmées par les autorités.
Les familles appellent à la libération de leurs enfants, dont 12 sont déjà morts en détention.
Les organisations de défense des droits de l’homme s’inquiètent au sujet des services infligés aux jeunes manifestants qui risquent la peine de mort. «Étant donné l’échelle alarmante de la vague d’arrestation actuelle, il est fort probable que de nombreux détenus soient des manifestants pacifiques qui sont emprisonnés arbitrairement et qui se trouvent maintenant en prison, où leurs conditions de vie sont pitoyables et la torture est un moyen commun pour obtenir des aveux et punir les dissidents», a alerté Amnesty International.
Mobilisation des parlementaires européens
La conférence internationale organisée à Paris a cherché à attirer l’attention de l’opinion publique sur l’urgence d’agir sur le dossier iranien. Une exposition d’images sur l’insurrection du peuple iranien, en marge de la conférence, mettait en évidence l’ampleur du mouvement populaire qui a ébranlé la dictature en place dans ce pays.
Des parlementaires et personnalités politiques venues d’Italie, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de Pologne, de France, d’Irlande, de Roumanie, de Suisse, de Malte, de Lituanie et du Portugal, ainsi qu’Ingrid Betancourt, ancien candidat à la présidence colombienne, et Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la résistance iranienne, ont pris la parole à cette conférence portant sur le thème : «Le soulèvement du peuple iranien, appel international à la libération des manifestants emprisonnés».
Les participants ont appelé l’’Union européenne et ses États membres à adopter des mesures efficaces et contraignantes pour obliger le gouvernement iranien à «libérer les manifestants emprisonnés, garantir la liberté de parole et de rassemblement, mettre fin à la répression des femmes et abolir le voile obligatoire.»
Pour les parlementaires des pays européens, l’UE doit s’abstenir de traiter avec des entreprises et des individus affiliés aux Gardiens de la révolution (pasdaran) et d’autres organes de la répression en Iran. «La poursuite et l’expansion des relations politiques et économiques avec ce régime doit être conditionnée à la liberté des prisonniers et à l’arrêt des exécutions. Nous exhortons également la formation d’une commission internationale pour enquêter sur les arrestations et les disparitions des manifestants iraniens», ont déclaré les parlementaires.
L’Europe doit agir
Martin Patzelt, membre du comité des droits de l’homme du Bundestag allemand, a déclaré : «En tant qu’Européens nous sommes moralement obligés de se tenir aux côtés de jeunes manifestants iraniens qui ont clairement et manifestement montré et exprimé leur désir de changement de régime et de l’instauration de la liberté et de la démocratie. L’idée selon laquelle le paysage politique iranien se définit par le conflit entre les ‘‘modérés’’ et les ‘‘extrémistes’’, a été révélé n’être qu’un mythe. L’Europe devrait s’exprimer dans la défense des manifestants arrêtés et exiger leur libération immédiate et inconditionnelle.»
Pour sa part, Ingrid Betancourt, ex-otage et militante des droits humains, a souligné que «ce qui semblait être une protestation contre les problèmes économiques a débouché sur un soulèvement national visant à renverser le régime. Les choses ne seront plus jamais les mêmes en Iran après ce soulèvement. Les manifestants appellent à un changement radical de régime. Nous, en Occident, ne pouvons plus avoir une politique de complaisance envers le régime iranien alors que les gens dans les rues d’Iran disent qu’ils ne veulent pas cette politique.»
* Journaliste iranien basé à Paris.
Démocratisation: Et si l’Iran était sur la voie de la Tunisie ?
Donnez votre avis