Plusieurs organisations tunisiennes ont dénoncé mardi les «pressions» exercées selon elles par des policiers sur la justice pour faire libérer leurs collègues accusés de torture.
Lundi, «de nombreux policiers, en uniforme ou en civil, certains venus dans leur voiture de fonction», s’étaient rassemblés devant le tribunal de Ben Arous (banlieue sud de Tunis) où étaient interrogés 5 de leurs confrères en «scandant des slogans demandant leur libération», selon des déclarations du porte-parole du parquet de Ben Arous, Amor Henin, rapportées par l’AFP.
Les policiers sont accusés par un prévenu impliqué dans un braquage de l’avoir torturé. L’homme a été examiné par un médecin légiste, qui a constaté qu’il présentait «22 ecchymoses dues à un objet contondant à divers endroits du corps, et d’autres blessures», indique la même source.
Le parquet a alors ouvert une enquête sur les 5 agents des forces de l’ordre, dont 3 avaient été placés en détention provisoire.
Rébellion contre l’Etat ?
La Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) a dénoncé, mardi, le rassemblement d’agents «portant leur arme de service» comme une «institutionnalisation de l’impunité dans les crimes de torture».
Six autres organisations, dont le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), et le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), ont demandé de leur côté dans un communiqué commun «au ministère de l’Intérieur d’intervenir d’urgence pour maîtriser ses agents (…) et de prendre des mesures fermes à l’encontre de ceux appelant à se rebeller contre l’Etat».
Le Conseil suprême de la magistrature (CSM) avait qualifié dès lundi soir la manifestation des policiers d’«atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire» et d’«agression directe contre les tribunaux et les juges».
Nessim Rouissi, membre d’un syndicat de police, a démenti toute velléité de pression. «Nous sommes venus soutenir nos collègues et attendre leur libération parce que nous sentons que c’est une cause juste. (…) Comment aurions-nous pu faire pression sur la justice alors que nous étions en dehors du tribunal?», a lancé M. Rouissi sur la radio Shems FM, en estimant que parler de pressions était de la «calomnie».
Selon le parquet, l’enquête est toujours en cours et les policiers ont été libérés lundi soir en attendant sa clôture.
L’activisme des syndicats de police, dont des représentants sont souvent invités sur les plateaux de télévision, fait régulièrement polémique en Tunisie, des organisations de la société civile les accusant d’ingérence dans les affaires politiques et judiciaires.
Source : AFP.
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