Ancien sous-secrétaire général des Nations-Unies, Marcel Boisard appelle à une évaluation des performances des institutions de l’organisation onusienne et à une réécriture de sa charte fondatrice.
Par Maître Taoufik Ouanes *
L’Organisation des Nations-Unis (Onu) est née à la suite de la seconde guerre mondiale, le plus important événement planétaire depuis plus de 70 années. La Charte de l’Onu, son acte fondateur, était censée refléter les forces mondiales en présence et mettre sur pied une organisation mondiale dont les objectifs et les principes, clairement énoncés dans son Chapitre Premier, peuvent se résumer au maintien de la paix et la sécurité internationales, au développement entre nations de relations fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et la réalisation de la coopération internationale.
Face aux bouleversements des relations internationales
Après sept décades, la pertinence et les performances des institutions mises en place par la Charte nécessitent d’être évaluées, critiquées et repensées. Qui est mieux placé que Marcel Boisard pour entreprendre une telle démarche? Ancien sous-secrétaire général des Nations Unies, chercheur, enseignant, conseiller économique de pays en développement, Marcel Boisard est également un homme de terrain dans les domaines humanitaire et politique.
Alliant la réflexion à l’action pendant un demi-siècle, Marcel Boisard vient de publier aux Editions du Panthéon un ouvrage qu’il définit lui-même comme «né d’une réflexion conduite au fil des ans, nourrie de nombreuses lectures et, surtout, d’une pratique concrète des relations internationales au cours de séjours ou de missions dans une centaine de pays…»
L’originalité et l’importance de l’analyse à laquelle est consacré l’ouvrage de Marcel Boisard, se distinguent par le fait qu’il ne se livre nullement à une évaluation des institutions de l’Onu du point de vue fonctionnel, administratif ou chronologique. Cette analyse se penche essentiellement sur l’adéquation ou non de l’Onu aux bouleversements fondamentaux des relations internationales qui ont jalonné les dernières 70 années.
Loin de refléter le monde actuel dans sa complexité et ses dérives, les institutions de l’Onu ne brillent pas non plus par de grands succès dans la réalisation des objectifs énoncés dans la Charte.
Ni encensement ni opprobre n’émergent du livre de Marcel Boisard. Mais une démonstration sereine et réfléchie de l’inadéquation institutionnelle de l’Onu par rapport aux nécessités et aux principes qui doivent régir les relations internationales actuelles et en devenir.
Pour une réécriture de la Charte des Nations Unies
Fin connaisseur de diverse cultures et religions Marcel Boisard, dans ce livre d’une grande pertinence et de lecture autant aisée que captivante, n’arrive pas non plus à se départir de son humanisme inné, de son pragmatisme suisse ni de son côté rêveur audacieux.
À cet effet son livre esquisse des pistes extrêmement intéressantes qui s’articulent sur l’idée d’une réécriture de la Charte des Nations Unies. Une idée que lui-même qualifie de «Folle utopie. Belle illusion».
* Avocat à Tunis et Genève.
‘‘Une si belle illusion : Réécrire la Charte des Nations Unies’’, essai de Marcel A. Boisard, Les Editions du Panthéon, Paris, mars 2018.
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