La banderole incriminée.
Les slogans racistes, régionalistes ou appelant à la haine et à la division, qui fleurissent dans les stades en Tunisie, devraient être plus lourdement sanctionnés par les autorités sportives.
Par Hassen Mzoughi
La commission de discipline relevant de la Fédération tunisienne de football (FTF) a infligé à l’Union sportive de Tataouine (UST) une lourde sanction : 12 mois de matchs à huis-clos et une amende de 3.000 dinars tunisiens (DT).
Cette punition est infligée à ce club de division 2 pour un «slogan à caractère régionaliste» dans une banderole déployée, mercredi 4 avril 2018, sur les tribunes du stade de Tataouine, lors du match UST-Club athlétique bizertin (CAB) comptant pour les quarts de finale de la Coupe de Tunisie de football et où les Bizertins sont (très aimablement) qualifiés de «résidus de la colonisation» (sic!).
Laxisme coupable de la sécurité
L’UST a beau dénoncer, dans un communiqué, les agissements «d’une petite minorité» de supporteurs et présenter ses excuses au CAB et à «tous» les Bizertins, mais les quelques «regrets» ne servent à rien face à la gravité de la faute.
Passons sur le laxisme coupable de la sécurité au stade qui a laissé cette «petite minorité» introduire cette banderole et l’étaler sur toute la longueur des gradins. La photo qui a fait le tour des médias montre le public en train d’exhiber cette large banderole sans que personne ne bronche.
Mais en tant qu’organisateur de manifestations sportives, tout club est civilement et pénalement responsable des agissements de ses supporteurs, tant qu’il y a menace à l’ordre public.
Cette banderole de Tataouine est un appel à la haine, à la division et à la guerre civile. Suffisant pour sanctionner l’équipe d’une interdiction d’accession en Ligue 1. Pour l’exemple. Mais encore une fois les intérêts électoraux entrent en ligne et peu importe la sécurité et l’éthique.
Pas de sanctions exemplaires
L’US Tataouine, club au hit-parade des sanctions (10) en Ligue 2 cette saison pour comportements antisportif de ses supporteurs, est candidat sérieux à l’accession en Ligue 1.
Autrement dit, les clubs qui iront jouer à Tataouine risqueront le même «traitement» fait au CA Bizertin et à tous ceux qui sont passés par le stade Nejib Khattab, puisque venant de «l’extérieur» et ne sont donc pas «les bienvenus».
À la suite des slogans régionalistes diffusés par des hauts parleurs en 2013 au stade Hamda Laâouani de Kairouan, lors du match Jeunesse sportive kairouanaise (JSK)-Etoile sportive du Sahel (ESS), la FTF avait décidé de sanctionner les propos diffamatoires, racistes ou régionalistes par un match à huis-clos et 10.000 DT d’amende. Or les slogans ont continué de plus belle à l’occasion de la dernière rencontre Club sportif sfaxien (CSS)-ESS au stade de Sfax, au cours de laquelle les supporteurs sfaxiens ont injurié à maintes reprises la région du Sahel, obligeant l’arbitre de la rencontre Maher Harrabi à arrêter le match.
Combattu par la Fifa, ce genre de comportement n’a jamais été sanctionné avec la rigueur requise par les instances tunisiennes. Le retrait de points ou la rétrogradation en division inférieure en cas de récidive pourront inciter les dirigeants à empêcher quelques écervelés à continuer à nuire!
Indulgence et laxisme : Annulation des sanctions infligées à l’US Tataouine
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