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Blessures de Ben Amor et Msakni : Les calculs dangereux de la FTF

La Tunisie doit se résigner à jouer le Mondial de Russie sans Youssef Msakni et Mohamed Amine Ben Amor.

En voulant récupérer Mohamed Amine Ben Amor et Youssef Msakni pour le Mondial de Russie, les responsables de l’équipe de Tunisie de football mettent en danger la santé des deux joueurs.

Par Hassen Mzoughi

Le verdict est tombé : Mohamed Amine Ben Amor sera opéré du genou, comme l’a ordonné depuis deux semaines, Dr Hatem Jemaa, le médecin tunisien du club saoudien, Al Ahli Djeddah, club où opère l’international tunisien. Cette opération qui nécessitera au moins 3 semaines de repos.

Le médecin de l’équipe de Tunisie, Dr Souheil Chemli, a proposé des séances de kinésithérapie pendant 21 jours maximum pour guérir une «extension du ligament interne».

Confronté à deux diagnostics, «oublié» dans la panique consécutive à la blessure de l’autre international tunisien Youssef Msakni, Mohamed Amine Ben Amor a décidé de se rendre à Lyon pour effectuer des examens médicaux.

Les examens passés hier, mercredi 11 avril 2018, chez le chirurgien orthopédiste spécialiste du genou à Lyon, en France, Bertrand Sonnery-Cottet (il a entre autre soigné récemment Karim Benzema), ont confirmé le diagnostic de Dr Hatem Jemaa et la nécessité d’une opération.

Le joueur a perdu trois semaines

Cadre de la sélection tunisienne, le milieu de terrain tunisien s’est blessé le 23 mars lors du match amical face à l’Iran. Dr Souhail Chemli, a proposé, en «coordination» avec Dr Wadii Al Jari, président de la commission médicale de la Fédération tunisienne de football (FTF), d’élargir les consultations avec tout un panel de spécialistes qui ont abouti, comme prévu, à ne pas opérer le joueur, confirmant ainsi le diagnostic initial du médecin de la sélection.

On le comprend, Dr Chemli avait convenu de prendre une décision concertée au sein d’une commission ad hoc composée des deux chirurgiens orthopédistes, les professeurs Moncef Ben Abid et Mohsen Trabelsi, ainsi que mes docteurs Fathi Al Adab, chef du service de radiologie à l’hôpital Kassab, et Mohamed Ben Hammouda, chef du service IRM de l’Institut national de neurologie Mongi-Ben Hamida.

Seulement, le joueur a entre-temps perdu 3 semaines à attendre ce «diagnostic concerté» qui n’avait pour seul but que d’«appuyer» la position du médecin de l’équipe de Tunisie. Diagnostic qui a finalement été contesté par le spécialiste français. Il n’a pas fallu plus de deux heures à ce dernier pour trancher dès la première séance: le joueur a une lésion qui nécessite une opération.

Plus grave, le spécialiste français a relevé que le programme de rééducation à base de kinésithérapie suivi par le joueur depuis deux semaines, sur ordre de Dr Souheil Chemli, risquerait de lui occasionner des lésions.

Obligé d’accepter l’arbitrage

Comme l’a, en fait, ordonné Dr Hatem Jemaa depuis 3 semaines, contestant (avant le spécialiste français) le diagnostic et le protocole prescrit par Dr Souheil Chemli.

Mohamed Amine Ben Amor aura donc besoin d’une intervention chirurgicale. Mais que de temps perdu à tergiverser pour seulement imposer son point de vue. Pour la gloire comme on dit.

Mais pourquoi Dr Souheil Chemli et la commission médicale présidée par Wadii Al Jari ont-ils procédé de cette façon ? Sans mettre en cause leurs compétences, nous restons tout de même perplexes quant à leur précipitation à confirmer un diagnostic «incertain».

Maintenant, ils sont obligés d’accepter l’arbitrage du chirurgien français, ce qui veut dire qu’ils renient implicitement leurs propres conclusions. Tout ceci par corporatisme béat.

Dr Hatem Jemaa a collaboré correctement avec le staff médical de la FTF. Il lui a remis tous les documents des examens comme demandé, a vainement attendu une concertation avec le staff médical de la sélection, mais ses conclusions n’ont en fin de compte pas été appréciées à leur juste valeur. La preuve, la commission médicale en a jugé autrement avant de «découvrir», via les conclusions du spécialiste français, que Dr Hatem Jemaa, par ailleurs ex-médecin de l’équipe de Tunisie, avait raison.

A-t-on vraiment pensé à la santé du joueur ?

Il avait raison parce que personne ne peut désormais contester l’arbitrage du chirurgien français. Ni surtout le recours à l’opération, que le médecin de l’équipe de Tunisie a tenté, coûte que coûte, d’éviter pour soi-disant «récupérer» le joueur en un court laps de temps et le faire… jouer le 28 mai prochain en match amical contre le Portugal. Parce que lui aussi, sous la pression de Nabil Maaloul, qui tient à disposer de son joueur le plus tôt possible.

Mais a-t-on privilégié la santé du joueur en cherchant à «précipiter» son retour? Pourquoi au lieu de proposer un message d’assurance au joueur – c’est entre autre le rôle du médecin –, pourquoi au lieu de se soucier avant tout de la carrière de Mohamed Amine Ben Amor, le staff médical s’est il empêtré dans des considérations «étroites», à obéir aux ego, quitte à mettre dans l’embarras notre compatriote exerçant au club d’Al-Ahli Jeddah, Dr Hatem Jemaa ?

Le cas de l’autre international tunisien, Youssef Msakni, joueur du club qatari d’Al Duhail, semble être dans le même topo. Pour Dr Fayçal Meddeb, médecin tunisien du club qatari, et c’est confirmé par IRM, sa blessure est «une rupture des ligaments croisés». Il devra être opéré, le repos devant aller de 6 à 7 mois. Il ne pourra donc pas, selon le médecin tunisien, disputer la Coupe du monde en Russie qui commencera en juin prochain.

En revanche, le médecin de l’équipe de Tunisie, Dr Souheil Chemli (encore lui ?!), émet un autre diagnostic et affirme que Msakni pourra être récupéré pour le Mondial 2018. Là aussi, il cherche, sans nécessité d’opérer, à remettre le joueur sur pied en moins de 30 jours, le staff technique et médical de l’équipe de Tunisie tenant à le faire en un «temps record» dans le seul souci d’emmener le joueur à la Coupe du monde en Russie.

Là aussi, on risque de perdre du temps en tergiversations.

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