Youssef Chahed entre le marteau de Christine Lagarde et l’enclume de Noureddine Taboubi.
Le Fonds monétaire international (FMI) exhorte la Tunisie à accroître les prix domestiques de l’énergie et à relever l’âge du départ à la retraite afin de contenir le déficit budgétaire du pays.
Par Marwan Chahla
Telles ont été les principales recommandations rendues publiques hier, vendredi 13 avril 2018, par l’équipe du FMI, dirigée par Björn Rother, qui a séjourné en Tunisie du 4 au 11 avril et discuté des récents développements économiques dans notre pays et des plans d’action des autorités tunisiennes, dans le cadre du programme de réformes économiques de la Tunisie soutenu par le Mécanisme élargi de crédit (MEC) du Fonds.
Suivre l’évolution des prix internationaux du pétrole
Dans le compte-rendu de son enquête, l’équipe du FMI explique que, «pour faire baisser le déficit budgétaire conformément à l’objectif fixé par la Loi de finances 2018, il est nécessaire de réduire les subventions énergétiques, injustes, en augmentant les prix domestiques de l’énergie afin de suivre l’évolution des prix internationaux du pétrole.»
Samedi dernier, les prix des carburants ont été augmentés en Tunisie, pour la deuxième fois en l’espace de trois mois. Et l’on s’attend à ce que le niveau des subventions énergétiques, fixé initialement par le gouvernement Chahed à 1,5 milliard de dinars, atteindra les 3 milliards de dinars afin de répondre à la hausse du cours du pétrole sur le marché international.
Actuellement, le prix du baril de brut est à 67,36 dollars (plus de 161 dinars), alors qu’il était à moins de 50 dollars (près de 120 dinars), il y a cinq mois – soit une hausse de plus de 34% ou une moyenne mensuelle de près de 7% !
Björn Rother et son équipe avertissent également que, vu le volume très élevé de l’enveloppe salariale de la fonction publique en Tunisie et la faiblesse de la croissance de l’économie tunisienne, «toute augmentation salariale [dans ce secteur] serait très difficile à maintenir.»
De même, ajoute le communiqué du FMI, «le relèvement de l’âge de la retraite et des réformes paramétriques supplémentaires sont essentiels pour contenir les déficits du système de sécurité sociale.»
D’ores et déjà, Reuters croit savoir qu’en début de semaine le gouvernement Chahed a soumis à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) un projet de loi suggérant un relèvement de l’âge du départ à la retraite de 60 à 62 ans.
Mettre en œuvre au plus vite «les nécessaires réformes»
Bref, Youssef Chahed, en quête pressante d’un consensus et d’un soutien qui lui permettront de mettre en œuvre au plus vite «les nécessaires réformes douloureuses» pour relancer véritablement l’activité économique, se trouve dans cette inconfortable position entre le marteau des donateurs et créanciers étrangers, qui s’impatientent et ne veulent plus attendre, et l’enclume de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui n’est pas disposée à céder sur ses nombreuses «lignes rouges» et qui appelle instamment à ce qu’il soit mis fin au mandat de l’équipe Chahed 2…
C’est à se demander qui gouverne aujourd’hui la Tunisie et s’il ne fallait pas confier la présidence du gouvernement à Noureddine Taboubi, secrétaire général de la centrale syndicale, ou a l’inénarrable secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Lassaad Yacoubi, dont les troupes refusent de remettre les notes des élèves aux directeurs des établissements scolaires…
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