Dans son adresse aux Tunisiens, ce soir, mardi 19 mai 2018, sur la chaîne Watania 1, le chef du gouvernement Youssef Chahed a tenu à montrer qu’il a la main et qu’il compte aller jusqu’au bout dans la mise en route des réformes et la réussite de la guerre contre la corruption.
Par Ridha Kéfi
Ce mot dont l’annonce a été faite peu après 19heures et qui a été diffusé avec plus d’une demi heure de retard sur l’horaire initialement prévu, intervient au lendemain de la suspension des négociations sur l’Accord de Carthage 2 par le président de la république Béji Caïd Essebsi, suite aux divergences ayant opposé les deux principaux partis au pouvoir, Nidaa Tounes et Ennahdha, divergences ayant porté, rappelons-le, sur son maintien ou non à la tête du gouvernement.
Pour couper court aux supputations et lever tout équivoque sur sa position actuelle, certains le donnant pour partant voire démissionnaire, ou pariant sur une réaction impulsive d’amour propre de sa part, M. Chahed a voulu montrer qu’il reste solide à son poste, confiant en lui-même, déterminé à opérer les changements nécessaires et à accélérer la mise en oeuvre tous les programmes de réformes prévus dans la feuille de route de Carthage pour assurer la sortie de la crise, fort de la confiance de tous les hommes sages et intègres en Tunisie, notamment le chef de l’Etat, auquel il a rendu un hommage solennel appuyé. Ce qui laisse penser que sa sortie de ce soir a été inspirée par Béji Caïd Essebsi, ou, au moins, avec son accord et en concertation avec lui.
Autre point saillant de cette prise de parole: M. Chahed a désigné nommément Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes, et la clique qui l’entoure (sic!), comme étant les principaux responsables de la destruction du parti victorieux des législatives de 2014, qu’il affirme ne plus reconnaître, parce qu’il a vu partir la majorité de ses anciens dirigeants et, surtout, près d’un million de ses électeurs lors des municipales du 6 mai dernier.
M. Chahed a aussi tenu à souligner que la réforme des structures de Nidaa Tounes, qui n’ont été réunies depuis deux ans, est une urgence. Et, dans ce contexte, il a appelé tous les membres de ce parti à travailler ensemble pour assurer son redressement dans un esprit de rassemblement et de dévouement à l’intérêt national.
Tout en affirmant qu’il ne tient pas à son poste ni n’a de projet personnel et que sa seule motivation est d’aider à sortir la Tunisie de la crise et la faire renouer avec la prospérité économique et sociale, M. Chahed a laissé entendre qu’il œuvrera aussi personnellement à redonner à Nidaa son rayonnement du passé. En d’autres termes: aucune concession ne sera faite aux membres de la clique Hafedh Caïd Essebsi sur cette voie de la restauration du parti de la majorité. Qui a désormais un leader potentiel pour porter ses chances aux prochaines échéances : Youssef Chahed. A en juger par les premières réactions, beaucoup de Tunisiens et, surtout, de Tunisiennes, parmi les électeurs de Nidaa, ont bien saisi le message.
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