Une embarcation de migrants clandestins en route vers l’île italienne de Lampedusa a fait naufrage dans la nuit du samedi 2 mai 2018 à 7 milles nautiques au large des îles Kerkennah (Sfax), au centre-est de la Tunisie. Bilan : au moins 48 morts, selon des sources policières.
Les unités de la marine et de la garde maritime, déployées sur place toute la journée du dimanche, ont mobilisé deux patrouilleurs, deux vedettes d’intervention rapide et deux équipes de plongeurs pour tenter de retrouver les disparus. Un hélicoptère a également été aperçu. Ils ont repêché 48 corps et ramené à terre 68 rescapés – 60 Tunisiens et 8 étrangers –. Les recherches ont repris lundi matin, mais il y a peu de chance de trouver encore des survivants.
Selon le colonel major Mohamed Salah Sagaama, chargé de coordonner les secours, «le bilan devrait malheureusement s’alourdir à plus de cent morts» car «le nombre total d’occupants du bateau était d’environ 200 personnes, selon les témoignages des rescapés».
Les familles des disparus hier soir devant l’hôpital de Sfax.
Le 8 octobre 2017, un autre drame s’était produit dans la même zone. Un chalutier, avec environ 90 jeunes Tunisiens à son bord, était entré en collision avec le patrouilleur de la marine tunisienne qui l’avait pris en chasse. Une cinquantaine de migrants avait perdu la vie dans cet accident qui avait soulevé la colère des familles des victimes, la plupart originaires des régions économiquement marginalisées de la Tunisie intérieure.
Kerkennah, située à une vingtaine de kilomètres de Sfax, est la principale plate-forme tunisienne de départs de migrants vers l’île italienne de Lampedusa, distante d’à peine 160 kilomètres au nord-est.
Malgré le renforcement de la surveillance des côtes par les autorités tunisiennes et les incessantes interceptions de bateaux chargés de candidats au départ vers l’Italie, le flux des migrants vers les côtes italiennes risque de se multiplier au cours des semaines à venir avec l’approche de l’été.
Les habitants de Kerkennah observent une hausse du nombre de migrants, qui ne se cachent même plus, ce qui laisse imaginer des pratiques de corruption permettant d’acheter la complicité de certaines autorités locales.
Selon les chiffres officiels italiens, le nombre de Tunisiens arrivés illégalement en 2017 sur la péninsule a atteint 6.150 personnes, soit 7,5 fois plus qu’en 2016. Certains partent de la Libye voisine, mais la majorité vient de Tunisie même.
I. B.
La migration clandestine à partir de la Tunisie : Mythes et réalités
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