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Les accidents de la route, un drame national en Tunisie

Les accidents de la route ont fait 23 morts et 119 blessés durant les 10 premiers jours du mois de ramadan, selon le chiffre du ministère de l’Intérieur, pour le moins préoccupant et qui s’inscrit dans une triste continuité que personne n’arrive à endiguer.

Par Wael Mejrissi

En 2017, les accidents de la route ont coûté la vie à 1.460 personnes, selon les chiffres de l’Observatoire national de la sécurité routière (ONSR). À titre d’exemple, la France qui compte une population 5 à 6 fois plus élevée a recensé 3.477 morts sur les routes en 2016. C’est dire à quel point nous sommes surclassés dans ce domaine en particulier. La Tunisie est en effet dans le peloton de tête des pays qui ont le plus fort taux de victimes de la route.

À quand un plan de lutte d’envergure contre la violence routière ? Tout le monde fait le même constat mais les mesures, elles, tardent à venir.

Une cause nationale oubliée

L’état des routes absolument désastreux, le non-respect du code de la route devenu la règle et la police qui ne sanctionne pas les infractions constatées moyennant une rétribution de dessous de table. Tel est la réalité tunisienne qui est à l’origine de ce qu’il faut bien appeler un drame national.

Le nombre et la violence des accidents de la route imposent et ce, depuis très longtemps, que la lutte contre l’insécurité routière soit une cause nationale. C’est probablement là où tous les efforts doivent être concentrés par les autorités compétentes et pour cause, il s’agit de sauver des centaines de vies et des milliers de blessés graves pouvant aller jusqu’à la tétraplégie. Des vies brisées ou supprimées sans que cela ne préoccupe les responsables qui sont pourtant comptables de ces chiffres calamiteux. Combien d’aides sous forme de crédit et de dons on été octroyées sans que le commencement d’une ébauche de stratégie d’ensemble n’ait été évoquée.

Pourtant les solutions existent et elles sont nombreuses. Il suffit de regarder de l’autre côté de la Méditerranée, en France par exemple, pour observer que l’insécurité routière a fortement reculé.

La généralisation des radars automatiques, l’établissement d’un permis à point, des campagnes coup de poing contre la délinquance routière sont le quotidien des automobilistes français et ça marche.

Le gouvernement serait bien avisé pendant la durée du mandat qui lui reste d’explorer ces pistes s’il a à cœur de préserver la vie des Tunisiens car rappelons le, la sécurité routière est incontestablement devenue un enjeu de santé publique.

L’usage du téléphone portable est réprimé de 60 dinars tunisiens (DT) seulement là où la France discute de la confiscation immédiate du permis en cas de constatation du téléphone portable au volant. Voilà qui nous donne une idée du retard que nous avons accumulé sur ce combat.

Des contrôles d’alcoolémie renforcés seraient également les bienvenus ainsi que la mise en place de tests salivaires pour dépister la consommation de stupéfiants qui augmente de façon vertigineuse dans notre pays.

Si les financements manquent pour rénover les infrastructures routières, les mesures périphériques visant à contrôler et sanctionner les automobilistes, elles, peuvent être mises en place sans délai mais à condition d’accepter l’impopularité et un échec électoral au bout.

Le sens de l’intérêt national

À voir les gesticulations de la classe politique, les compromissions et les tractations qui vont bon train sur le nom d’un hypothétique prochain chef de gouvernement, on comprend que le courage politique a encore un long chemin à parcourir.

Pourtant un tel combat dépasse de loin les clivages et formations partisanes mais à qui veut l’entendre. Nous disposons d’un arsenal législatif et juridique mais sans moyens humains ni techniques pour l’appuyer… La Tunisie dans toute sa contradiction hélas. Or à force d’une vision étriquée et sans hauteur, il y a fort à parier que les chiffres de l’insécurité routière iront de mal en pis et nos gouvernants porteront alors sur leur conscience des milliers de morts qu’il aurait été possible d’éviter s’ils étaient animés par le sens de l’intérêt national.

Tunisie : Hausse des accidents de la route mortels en avril 2018

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