Naïm Sliti rate un but tout fait.
Un but tardif d’Iago Aspas a permis à l’Espagne de s’imposer 1-0 face à la Tunisie lors de leur dernier match amical avant la Coupe du monde hier samedi soir 9 juin 2018, au Krasnodar Stadium, en Russie.
Par Hassen Mzoughi
Sans réussir à aligner un dixième match consécutif sans défaite, l’équipe de Tunisie a failli accomplir un exploit face à une équipe d’Espagne qui a beaucoup possédé le jeu mais a très peu attaqué jusqu’à la 84e minute et le but arraché sur un contre par Iago Aspas, à peine entré en jeu à la place de Jordi Alba.
L’équipe de Tunisie a sorti un match plein de contrastes. Battue, elle avait pourtant obtenu et gâché trois occasions nettes de scorer (2 en 1ère période et 1 en seconde), le triple de son adversaire qui a converti la seule occasion qui lui a été offerte sur une erreur de placement de la défense tunisienne, à 8 minutes de la fin du match.
La Tunisie n’est pas allée jusqu’à infliger sa première défaite à l’Espagne, invaincue depuis 2016, soit 20 matches. Mais elle s’est procurée les plus belles occasions: d’abord sur un contre mal terminé par Ferjani Sassi (12e), qui a carrément donné la balle au gardien, ensuite sur un raté de Naïm Sliti, pourtant à quelques 10 mètres De Gea (34e). Enfin en seconde période par Mohamed Amine Ben Amor qui a préféré se débarrasser trop vite de la balle en tirant de loin à côté (80′), terminant très mal un contre prometteur.
Iniesta, l’orfèvre, perd 23 fois le ballon
Si les hommes de Nabil Maaloul ont été dominés en termes de possession du jeu (30%), ils ont «déjoué» l’équipe du sélectionneur Julen Lopetegui, grâce à leur très bonne détermination et leurs engagements dans les duels. L’Espagne a certes monopolisé le ballon, mais sans pouvoir trouver la profondeur.
Alignée en 4-3-2-1, avec Khaoui, Skhiri et Sassi sous Badri et Fakhreddine Ben Youssef, qui ont beaucoup défendu sur les côtés, et Sliti en pointe, l’équipe de Tunisie a fait preuve d’une remarquable discipline tactique qui lui a permis de bien occuper le terrain et de fermer les accès à la cage de Balbouli, redevenu titulaire et capitaine depuis une longue absence.
Réputés par leur tourbillon de passes qui fatigue leurs adversaires, avant de les frapper par des accélérations devant la zone de réparation, les ibériques ont dû chercher la solution en procédant par des centres, d’autant qu’au milieu de terrain, leur zone de jeu préférentielle, ils accumulaient les imprécisions parce que les Tunisiens avaient réussi à imposer une remarquable opposition… athlétique. Avec le soutien de Badri Ben Youssef et Sliti par ailleurs très précieux dans le pressing haut sur Ramos et Jordi Alba.
D’après nos calculs, Iniesta, le maître à jouer de l’Espagne, a perdu 23 fois le ballon, face aux demis tunisiens qui le prenaient en tenaille.
Les Tunisiens gagneraient à se montrer aussi efficaces sinon plus en matière de récupération face aux Anglais, afin d’éviter leurs banderilles.
La défense a tenu pendant tout le match face aux assauts des Espagnols avant de céder à la 84e minute.
Encore un manque de vigilance
La Tunisie pouvait avoir des regrets… Pour son dernier match de préparation au Mondial 2018, elle a encore pêché par un manque de vigilance en défense. Comme face au Turcs ou aux Portugais.
Après une première période où ils ont tiré leur épingle du jeu, parvenant à repousser voire à menacer les Espagnols, la seconde se révélait plutôt compliquée pour les Tunisiens, avec le danger qui se rapprochait de leur surface et plus vraiment d’opportunité de contre.
Sauf qu’en cette phase où ils devaient tripler de vigilance, l’attentisme de leur défense leur a coûté cher. Un scénario un peu dur à encaisser, mais en football de haut niveau, c’est-à-dire en Coupe du monde, ce genre de lacune se paye cash. À ce niveau, on ne peut se permettre des erreurs d’inattention, surtout dans les 5 dernières minutes et face à des adversaires qui percutent par une transition rapide vers des attaquants très habiles à exploiter les espaces, comme les Anglais et leurs turbos nommés Kane, Sterling, Deli Alli, Lingard ou encore Rashford.
Maaloul a beau ajouter Johan Benalouane pour bétonner la défense face à l’attaque à 4 des Espagnols (Aspas et Diego Costa comme 2 pointes, Vasquez et Asensio sur les ailes). Sans résultat. Le nombre n’est pas synonyme d’efficacité. On l’a vu sur le but espagnol : un centrage précis de la droite de Busquets, après une récupération rapide, et une seconde d’inattention ont suffi à déstabiliser la défense tunisienne.
On n’aura plus 3 occasions par match
Tout en les confortant à l’idée que c’était le bon adversaire à affronter à quelques jours du mondial, les Tunisiens sont satisfaits de se jauger avant le choc avec l’Angleterre.
Ils auront sans doute admis qu’en plus d’être vigilant jusqu’à même la 95e minute, il faut aussi se prévaloir d’un grand sens de réalisme et de lucidité face aux buts adverses.
Ils doivent apprendre à être «méchants» quand il s’agit de convertir des situations favorables. En Coupe du monde ou dans n’importe quelle compétition de haut niveau, on n’a pas 3 occasions par match. Mais les équipes efficaces ont le don de saisir la moindre occasion, pour faire la différence. Les Espagnols l’ont confirmé hier face à la Tunisie. Ils l’ont démontré en 2010 en finale de la Coupe du monde lorsque Iniesta n’a pas raté sa chance en marquant l’unique but de la rencontre face à la Hollande à la… 120e minute.
Hier la Tunisie est entrée de plain pied en Coupe du monde. Globalement le contenu reste encourageant pour les Tunisiens, avant de débuter le Mondial, le 18 juin face à l’Angleterre, avec un bon capital confiance. Sa dernière prestation dans le domaine offensif fait plaisir, avec le trio Ben Youssef-Badri-Sliti qui a perturbé les Espagnols. Ah s’il y avait Khazri aussi!
Ce match contre l’Espagne est finalement un aperçu de ce qui attend la Tunisie et une leçon de ce qu’il ne faut surtout pas faire au premier tour.
Tunisie: Mathlouthi, Bronn, Meriah, Maaloul (Haddadi, 58’), Skhiri, Sassi, Khaoui (Ben Amor, 62), Badri (Benalouane, 78’), Sliti (Khalifa, 69’), Ben Youssef (Srarfi, 91’),
Espagne: De Gea, Odriozola (Nacho, 46’), Ramos, Pique, Jordi Alba (IIago Aspas, 76’), Busquets, Thiago (Koke, 46’), Isco (Lucas Vazquez, 46’), Iniesta, Silva (Marco Asensio, 61’), Rodrigo (Diego Costa, 60’).
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