Il n’aurait jamais espéré devoir un jour contrer Iniesta.
Appelé dans les 23 par Nabil Maaloul, il y a seulement deux mois, Dylan Bronn est promu titulaire à part entière en équipe de Tunisie. Le latéral gauche s’apprête à disputer demain, lundi 18 juin 2018, à 19 H (HT), son 1er match de la Coupe du monde, contre l’Angleterre.
Par Hassen Mzoughi
Un moment très fort de la carrière de ce joueur qui connaît, depuis plus d’un an, une ascension fulgurante.
Du foot amateur, à Cannes, au monde pro, en arrivant au Mondial russe, où il va surveiller les Rashford et Hazard, en passant par Gand, le défenseur de 23 ans ne perd pas de temps.
«Je n’aurais jamais imaginé porter le maillot tunisien»
De l’époque où il était encore amateur à Cannes, il se souvient qu’il avait décroché un brevet des collèges (sciences et technologies du management et de la gestion) pour passer son baccalauréat et qu’il avait travaillé comme livreur de sushis, pendant deux ans.
«J’étais sur mon petit scooter, à Cannes. C’était la belle vie. Je travaillais et je vivais toujours chez mes parents. Je le faisais surtout l’été. J’allais sur les hauteurs pour livrer les sushis, je bossais le midi et le soir. Entre-temps, j’allais à la plage avec mes potes. Mais d’ù je viens, je n’aurais jamais imaginé porter le maillot de l’équipe de Tunisie», avoue ce solide défenseur de 1m86, admirateur de Gandhi, et qui fêtera, mardi prochain, 19 juin, son 23e anniversaire.
Formé dès l’âge de 4 ans à Cannes, le club qui a formé Zidane et Vieira, Bronn a effectué une époustouflante remontada. Il y a 3 ans, il jouait encore au 8e échelon du foot amateur français, «mais le foot amateur m’a donné un esprit de guerrier», affirme-t-il. Elevé à garder les pieds sur terre, il est par un côté philosophe : «Vivre est une chance, il faut le savourer sans en faire une tragédie. On fait un métier idéal : on joue au foot… et c’est tout. Certains abusent de leur statut, pas moi : je suis Dylan Bronn, autant dire que je ne suis personne…»
Né de père français et de mère tunisienne, Bronn a signé l’année dernière, pour 4 ans, avec la Gantoise en Belgique. Peu après, il est sélectionné par Henryk Kasperczak, en mars 2017, pour deux rencontres amicales contre le Cameroun et le Maroc. Il joue l’intégralité de la seconde mi-temps perdue 1-0 ; rencontre qui coûta sa place au technicien polonais, remplacé alors par Nabil Maaloul.
On a tous deux pieds et deux jambes
Un an après, ce dernier va le chercher à Gand. Il ne peut laisser filer cette opportunité de faire partie du gotha mondial. De croiser, entre autres, les internationaux belges Eden Hazard et Romelu Lukaku. «Mon chouchou, c’est Eden Hazard et je suis fan de Chelsea. Et si je serai au marquage de Lukaku, je ne me prendrai pas la tête: on a chacun deux pieds et deux jambes…»
Pour celui qui a commencé comme attaquant avant de devenir défenseur central, son poste de prédilection, cette Coupe du monde, il la joue d’abord pour son pays. «C’est déjà une très grande fierté de porter le maillot de la Tunisie. Je pense surtout à ma famille qui m’a appris la vie, la modestie. Ils me gardent tout le temps dans la réalité. Surtout mon frère et ma grande sœur qui me conseillent toujours de ne pas faire le beau et de progresser.»
Faire partie de la sélection est quelque chose d’énorme, de magnifique, répète Bronn. «Je suis arrivé comme un petit mais avec l’idée de faire ma petite place. Je ne suis pas venu en touriste et je compte me donner au maximum. On aura tout un peuple derrière nous : qui nous procure encore plus de force. Cette ferveur me booste, on jouera sans pression car la Belgique et l’Angleterre sont favorites de la poule. Mais en Coupe du Monde, tout est possible : on veut aussi se qualifier.»
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