Fadhel Moussa déjà l’oeuvre à la municipalité de l’Ariana.
Les élections du maire et des adjoints au maire, dans la commune de l’Ariana, viennent de se dérouler. Elles donnent une belle leçon de démocratie véritable en montrant, au passage, l’attitude antidémocratique d’Ennahdha et de Nidaa Tounes.
Par Rachid Barnat
On se souvient que dans cette commune, c’est la liste Al Afdhal, liste des Indépendants conduite par le constituant Fadhel Moussa, célèbre professeur de droit constitutionnel, qui l’a emporté devant Nidaa et Ennahdha, donnant ainsi une première leçon : celle qui nous dit que les Tunisiens de la société civile, quand ils sont unis et déterminés, peuvent l’emporter sur les grands partis.
La déconfiture des partis, l’émergence de la société civile
On a déjà dit que c’est vers ce genre de candidature qu’il faut s’orienter dans l’avenir, les partis ayant déçus sur de nombreux plans. Ennahdha ne peut qu’entraîner la régression du pays et la dictature lorsque elle aura la majorité; Nidaa a trahi sa parole et s’est abaissé, pour garder le pouvoir, à une alliance contre-nature, les autres partis par leur nombre, leurs divisions et leur absence de réel projet politique, ont permis aux islamistes d’être au pouvoir ce qui ne leur sera pas pardonné par l’histoire.
Lors de l’élection du maire et des adjoints, Nidaa et Ennahdha ont demandé qu’on leur fasse une place au nom du fameux «consensus» en dépit des règles démocratiques et au mépris de l’engagement pris par Fadhel Moussa envers ses électeurs qu’il ne s’associerait pas à ces deux formations politiques. Ils croyaient pouvoir rééditer le coup de Béji Caïd Essebsi quand il avait trahi de façon scandaleuse ses électeurs qui lui ont accordé massivement leurs voix pour leur avoir promis qu’il ne s’alliera jamais aux Frères musulmans et qu’il sera le rempart pour les en protéger !
Les indépendants ont refusé à très juste titre; et du coup, Nidaa et Ennahdha, grands démocrates, ont quitté la séance!
Cela n’a rien changé car le quorum était acquis et des indépendants ont été choisis comme adjoints.
Le consensus tue toute réelle politique
Pourquoi est-ce une belle leçon? Hé bien pour la raison simple, qui devrait sauter aux yeux, c’est d’abord que ce consensus mou, dont on nous rebat les oreilles, est un mécanisme qui tue toute réelle politique. Au nom du consensus on fait sur tous les sujets des compromis boiteux et qui ne mènent à rien.
Sur le plan national, le consensus entre Nidaa et Ennahdha a conduit à la situation absolument désastreuse que l’on connaît. Le seul bénéficiaire du consensus, c’est Ennahdha : il lui permet de poursuivre sa politique d’infiltration des rouages de l’Etat par ses hommes, commencée sous la Troïka, la coalition tripartite qu’elle a conduite entre janvier 2012 et janvier 2014, en misant sur l’avenir.
La vraie démocratie c’est une équipe, un projet, des réalisations et ensuite le vote sanction qui, si l’équipe a échoué, ira vers l’alternance et le choix d’une autre équipe et d’un autre projet.
En attendant, ceux qui n’ont pas eu la majorité restent hors du pouvoir et jouent le rôle de l’opposition : à savoir une critique de la politique menée.
Rien n’empêche l’opposition, si elle est constructive et intelligente, de voter des propositions de la majorité qui lui conviennent et rien n’empêche la majorité, si elle est ouverte, de retenir des propositions de l’opposition mais, au moins la responsabilité de l’ensemble de la politique menée est claire et c’est celle de la majorité.
La politique menée n’est pas diluée dans le consensus mou qui fait que plus personne n’est véritablement responsable des arrangements d’arrière-boutique.
Avec le consensus, c’est à dire avec tout le monde aux manettes, comment ensuite juger et sanctionner?!
Fadhel Moussa et « Al-Afdhal » remportent la municipalité de l’Ariana
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