Quel lien y a-t-il entre Souad Abderrahim, la nouvelle maire islamiste de Tunis, et ‘‘Les Monologues du vagin’’, l’œuvre de la sulfureuse Eve Ensler ? Justement aucun, et c’est dommage…
Par Mounira Aouadi *
«Le vagin, c’est un peu comme le Triangle des Bermudes : personne n’en revient jamais pour vous en parler»!
Ainsi commence ‘‘Les Monologues du vagin’’, l’œuvre de la dramaturge américaine et profondément féministe qui, dans les années 90, a interrogé des femmes sur leur vagin : celles qui ne le connaissent pas, celles qui en sont obsédées, celles que ça dégoûte, beurk beurk…
Cette œuvre parle sans détours de viol, d’excision, de torture, de poils, de chatte, de clitoris, bref de ‘‘L’Origine du monde’’ peinte par Gustave Courbet, une œuvre sulfureuse en des temps extrêmement puritains comme celle d’Eve Ensler dans une Amérique demeurée rigide et tout autant extrémiste comme du temps des premiers colons!
Souad Abderrahim n’emploie pas le vocable de vagin pour parler de l’origine du monde. Non, non ! Elle le met dans une boîte précieuse, l’enveloppe dans du papier de soie, fait un nœud impeccable et le couve de tendresse! Son vagin est une «yaqouta» (un diamant), qu’elle dit, un diamant brut, non poli, non scié, de très belle forme qu’il faut manier avec le plus grand soin!
Qu’est-ce que vous croyez, hein? Qu’elle va l’exposer au regard du premier venu, l’offrir à n’importe qui pour qu’il lui fasse des bâtards comme à une pute?
La différence entre nous autres et cette femelle-là, c’est qu’elle a entre les jambes un bijou de rien du tout, «une peau de zob» d’islamiste qu’il faut cadenasser tout de même, sauf pour pondre un ou deux lardons, alors que nous possédons une conscience : celle de l’origine du monde! Quelle liberté! Quelle jouissance!
* Journaliste.
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