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Le ministre djiboutien Nabil Mohamed mise sur le savoir-faire tunisien

En marge de la cérémonie inaugurale du siège du Tunisian African Business Council (TABC), la veille du 2e Tunisian African Empowerment Forum (17-18 juillet 2018), Nabil Mohamed, ministre de l’Enseignement supérieur de Djibouti, nous a accordé une interview.

Propos recueillis par Zohra Abid

Kapitalis : Lors de votre speech de ce soir, vous avez exprimé votre bonheur d’être en Tunisie, où vous avez rencontré des gens motivés qui vont contribuer au développement de l’Afrique. Où en sont aujourd’hui les relations tuniso-djiboutiennes, et notamment dans les domaines de  l’enseignement supérieur et la formation professionnelle?

Nabil Mohamed : La Tunisie est un pays qui possède de la matière grise. D’autres pays ont de l’argent. Ensemble, main dans la main, nous pouvons entrer dans notre siècle tout en évitant les conflits et les guerres. Ensemble, nous allons de l’avant.

Il est vrai que nous (le Djibouti et la Tunisie) n’avons pas encore de traditions économiques, mais il faut bien rappeler que depuis notre indépendance en 1977, on a fait venir des enseignants tunisiens qui ont pris la place des coopérants européens.

Notre coopération a très bien avancé. Il est vrai aussi qu’elle s’est arrêtée après une dizaine d’années car il y a eu, entre-temps, la relève et pendant cette période, Djibouti a construit une faculté de médecine, avec Dr Abdelkarim Zbidi, votre ministre actuel de la Défense, qui était à l’époque à la Faculté de médecine de Sousse et qui donnait avec des professeurs essentiellement tunisiens des cours à la Facculté de médecine Djibouti jusqu’à la 5e année.

On a donc bien avancé. Nos étudiants terminent leurs études de 6e et 7e année en Tunisie dans 4 facultés à Tunis, Nabeul, Sousse et Sfax. Notre coopération dans le secteur de l’enseignement en médecine était en tout cas la plus visible.

Aujourd’hui pas moins de 300 étudiants font leurs études en Tunisie dans diverses filières et ce dans le privé et dans le public.

Après avoir terminé leur cursus, les étudiants rentrent à Djibouti où ils partent ailleurs ?

Vous savez que le Djibouti compte 920.000 habitants (le chiffre officiel de 830.000 habitants a été tout récemment rectifié) et que la majorité de nos étudiants, si ce n’est pas tous, rentrent au pays. Car, un jeune prof a un bon statut et, par rapport à d’autres pays, il est bien rémunéré. Un prof universitaire touche un minimum 2000 dollars,  car notre monnaie est indexée au dollar.

Le ministre Nabil Mohamed avec Bassem Loukil (président du TABC) et le ministre Slim Feriani.

Et comment va aujourd’hui le Djibouti économique ?

Certes, la vie est chère chez nous mais le pays est en plein boom économique de par sa position stratégique et il y a tout un programme pour édifier notamment des écoles et des bâtiments de l’Etat. Il existe une quarantaine de bureaux d’études sur ce programme dont une majorité de Tunisiens dans des agences de conseil.

D’ailleurs, nous participons au Tunisian African Empowerment Forum pour voir comment repenser la formation professionnelle et la conformer à nos besoins. Déjà, depuis que je suis nommé ministre il y a 5 ans, j’ai enlevé 5  filières et gardé celles qui sont intéressantes pour notre pays qui s’étend sur seulement 23.000 kmmais l’atout majeur est d’être bien situé dans la Corne d’Afrique, limitrophe de l’Ethiopie, de la Somalie, de l’Erythrée, du Yémen, et à mi-distance de l’Equateur et du Tropique du Cancer, du Canbal de De Suez et du Golfe d’Aden… Et avec une grande diversité de paysages dont des montagnes, des lacs…

Cette importance stratégique nous a donné à réfléchir sur le secteur du tourisme même si nous avons 6 mois difficiles à cause de la forte chaleur mais vu le nombre de gens qui passent et font escale, on a pensé à construire des hôtels. Nous avons 3 grands hôtels, le Sheraton, le Kempinski et l’Acacia, mais plein d’autres hôtels qui poussent et nous avons besoin de formation professionnelle dans l’hôtellerie et dans l’énergie. Et là, nous pensons aux Tunisiens et la sélection sera très sévère. Nous discuterons avec votre ministre de l’Enseignement supérieur à propos de l’accréditation et des filières.

Au Maroc, il y a 1000 étudiants djiboutiens dont 100 avec bourses, c’est-à-dire gratuitement. Mais, ce qui nous intéresse aussi en Tunisie, c’est l’enseignement privé qui est sérieux et du même niveau que celui public, et ceci est très important.

L’importation des produits tunisiens par Djibouti sera-t-elle discutée en marge de ce forum avec l’Etat tunisien?

Mais bien évidemment que oui. Pour importer les médicaments, il y a déjà un projet avec une société tunisienne de fabrication de médicaments et qui s’est mis en route. Nous avons un grand centre commercial financé par les Emiratis et nous avons besoin de tout, dont l’huile d’olive tunisienne, les tomates en conserve, de l’harissa….

Je viens, d’ailleurs, d’apprendre que des conteneurs agro-alimentaires ont déjà pris le large vers mon pays. Puis les Tunisiens chez nous ne sont pas dépaysés, car on parle à la fois le français et l’arabe et nous avons 2 autres langues locales et puisque nous avons beaucoup de commerce avec l’Ethiopie, tout le monde a appris à parler sa langue. Dans tout ça, les Chinois (et il faut bien le souligner) sont omniprésents et partout. Ils sont sur l’infrastructure et sur plein de grands projets.

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